Au fin fond de la Bretagne, à Lesneven, Victor distille sous l’alias Lesneu des chansons minimalistes dignes des meilleures compositions de The Walkmen et de Beach House (si si ). Il sort sous le tout nouveau label brestois Music for the Masses, Lovin‘, un poignant premier Ep. Il était donc grand temps d’en savoir plus.
Quels sont tes premiers émois musicaux ?
J’aimais beaucoup Queen, David Bowie et Deep Purple quand j’étais vraiment petit. J’écoutais aussi beaucoup de merde comme tout les enfants mais si je devais citer les « bons » groupes où je me trémoussait volontiers, ce serait ces trois là. J’adorais le solo de guitare sur Highway Star.
Qu’est ce qui t’as donné envie de faire de la musique ?
J’ai demandé, pour je ne sais quelle raison à mes parents, d’apprendre la batterie quand j’avais quatre ans. J’étais trop jeune alors j’ai dû attendre une année. Après tout s’est déroulé assez naturellement, j’ai rencontré Clovis et Gwen des Slow Sliders qui avaient déjà un autre groupe au collège. On a commencé à faire de la musique ensemble, et on a créé les Slow Sliders avec Axel en plus.
Quelles sont tes influences pour ce projet ?
Beach House, The Walkmen, The Beach boys…
Comment définirais-tu la musique de Lesneu ?
Quand j’ai découvert Beach House ou The Walkmen, je trouvais que c’était de la musique assez badante et intense, j’aimais bien cette sensation. Quand j’ai commencé à composer pour Lesneu, j’ai essayé de reproduire cette sensation : De la musique badante mais qui te fait te sentir bien dans ton bad, pas forcément heureux mais plutôt soulagé, délesté.
Tu peux nous parler de Lesneven ?
C’est une ville de 7000 habitants environ. J’y ai passé toute mon enfance. J’ai déménagé une seule fois, de Lesneven à Lesneven. Ce n’est pas une grande ville, c’est plutôt calme comme ambiance, on s’y ennuie assez facilement. C’est sûrement pour ça que j’aime bien composer là-bas. Je rentre dans une boucle : regarder un film/série, jouer aux jeux vidéo, faire de la musique, aller à Brest. Il y a un vrai piano droit, c’est souvent comme à ça que je commence un morceau, après je fonce à l’étage dans ma chambre et je continue ce que j’ai commencé.
Tu vis à Nantes, mais tu composes les chansons à Lesneven. Tu opères un retour vers l’adolescence ou la mélancolie de l’enfance avec cette démarche ?
La grande raison de pourquoi je rentre à Lesneven pour composer, c’est que je n’ai pas d’appartement à Nantes. On y a un studio de répétition, mais c’est moins sympa comme endroit. À Lesneven il y a beaucoup moins de choses à faire, donc je sais qu’en y allant, je serais plus focalisé sur la musique. Après je ne sais pas, peut être que quand j’aurais un appartement à Nantes, je continuerai d’y retourner pour composer. C’est une bonne raison pour aller voir ma mère aussi.
La mélancolie est extrêmement présente sur Lovin…
En fait, on venait de se séparer avec ma copine, et comme je te le disais plus haut, j’aimais bien cette sensation d’apaisement quand j’écoutais certains morceaux. J’ai essayé de recréer ça.
Sergio est pour moi une chanson déchirante. Tu peux nous en dire plus sur l’inspiration du texte ?
Le texte de Sergio parle d’un vieux mec bourré qui va voir sa copine de jeunesse, lui dit de prendre ses affaires et de se barrer avec lui pour faire un gosse. Souvent quand j’écris des paroles, je ne sais pas vraiment de quoi parle la chanson avant de l’avoir fini. C’est seulement quand j’ai fini d’écrire le gros des paroles que je vois où je voulais en venir.
La vidéo qui l’accompagne montre des archives de ta famille. Pourquoi ce choix ?
Un après-midi, on s’est regardé en famille ces vidéos, ça m’a bien fait marrer. Quand Reno de Beko m’a demandé si je pouvait faire un clip en deux semaines, j’ai repensé à ça. C’était un clip facile à faire sans trop d’efforts et sans être dans le rush.
Tu peux nous parler de feu Beko et de Music for Masses, cet excellent label brestois ?
J’ai rencontré Reno du label Beko grâce à mon frère. Je lui ai fait écouter six titres et il m’a proposé d’en sortir deux sur Beko. Il m’a ensuite proposé de sortir un vinyle sur le tout nouveau label Music from the Masses qu’il comptait créer avec Christophe. J’ai réenregistré le tout et je suis allé dans leur shop pour leur faire écouter, et ils l’ont sorti.
Que fais-tu quand tu ne fais pas de musique ?
Je chill, je joue aux jeux vidéo, j’essaye de chercher du travail, je regarde des série, des films, je vais voir mes copains, je fume des tiges, je bois des coups, j’écoute de la musique, je regarde par la fenêtre.
Qu’en est-il de tes autres projets : Slow Siders et Djokovic ?
Avec les Slow, on est en train de préparer la sortie de notre premier album qui devrait sortir en automne 2018. Avec Djoko on fais des concert par-ci par-là, mais ça dépend surtout de Thibault, le Supreme Leader. C’est lui qui gère le showbiz.
Quels sont tes projets pour 2018 ?
Continuer à faire de la musique, avoir un appart’, avoir 25 ans… Sinon, j’aimerais bien enregistrer un deuxième album cet été.
Un dernier mot ?
Avec plaisir. Voici mes six chansons du moment :
Et en bonus, l’EP :
LESNEU – Lovin’ (MusicFor The Masses, 2017)