Tombés pour la France : Marc Desse, The Pirouettes et Petit Fantôme. Mercredi 22 janvier 2014

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Premier concert de l’année 2014, comme souvent ça se passe au Point Éphémère avec une nouvelle édition de l’impeccable soirée organisée par la revue Magic ! RPM ; Tombés pour la France. Au programme ce soir, des têtes bien connues et très appréciées avec Marc Desse et Petit Fantôme, et aussi The Pirouettes pour le rôle du groupe de milieu de soirée.

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A 20h, dès l’ouverture le public déjà nombreux attend avec impatience la prestation de Marc Desse, qu’on a déjà vu à de nombreuses reprises, dont la dernière fois en piano/voix au Motel. Cette fois ci, il a promis du muscle et des guitares tranchantes ; pour porter ses textes de garçon sensible et punk romantique.

Marc ne nous a pas trompés du tout sur la marchandise, son set est assez court, comme souvent pour les groupes qui jouent en premier dans cette salle, mais c’est enlevé et efficace. On sent le travail du groupe dans la cohésion de l’ensemble et enchaînement des morceaux. Ce soir ce n’est pas la bassiste habituelle, si le groupe a perdu au niveau du look (ah ces harmonies de couleur), ce changement de personnel n’affecte pas du tout la prestation.

Malgré la brièveté du concert, on retrouve les petits presque-tubes, comme Mona et Moi, ou même Vidéo Club en ouverture. Et bien entendu tout à la fin la dernière chanson née de la plume douce-amère de Marc Desse, Ma Fiancée.

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Un début de soirée complètement parfait, avec de l’émotion, des morceaux bien écrits et marquants, vivement une soirée avec un vrai concert qui dure, finalement.

C’est déjà la fin, le temps de se remettre de nos émotions adolescentes et de ce concert passé à bouger les têtes et les pieds, l’effet Desse Star (oui hé bien c’était histoire de ne pas parler de jeunes gens modernes enjôleurs ou de noirceur punk communicative et vénéneuse [insert cliché +1] ).

Et c’est l’installation au milieu de la scène du matériel du groupe suivant. Oui, au milieu comme au milieu en vrai, c’est-à-dire loin du public, je me demande si c’est pour éviter les bocks.

Le groupe du milieu de soirée (il n’y a pas de hasard, donc) c’est un gars et une fille, The Pirouettes, il paraît qu’ils sont amoureux, ça c’est super cool pour eux. Il paraît aussi qu’ils aiment raconter des histoires et de nous faire profiter des petits clichés de la vie quotidienne des amoureux, et pour le coup, ça c’est assez vite pénible, imaginez un peu le truc avec du synthé un peu cheap et des voix pas trop assurées en live ?

Tu le vois le moment gênant ?

The Pirouettes, c’est un peu comme vos amis qui sont ensemble depuis pas mal de temps, qui ont déjà raconté leur saga plein de fois, mais qui passent leur temps à ressasser comment ils se sont rencontrés, comment le soir dans la cuisine ils répètent des pas de danse en préparant la soupe de légumes, comment [le garçon] a été trop malade avec de l’ouzo en Grèce, et comment [la fille] a dansé sur une plage du sud de l’Italie avec plein de monde et elle avait embrassé un autre type. Ils parlent aussi de Joe Dassin, et le garçon chante un truc sur des nichons, avec un vocoder, on est bien élevés dans le néo yéyé made in Magick Music Maker. Je décroche définitivement à la chanson en frengrish, le moment où tu ne sais pas si ce truc est un poisson d’avril en avance, ou un projet tellement ironique qu’il tutoie la stratosphère. Bon pas si ironique que ça puisque le gars règle ses comptes avec un twittos (un fou inconscient sans doute, ou un punk) qui avait dit que ce n’était pas bien.

Rideau de fin, pas d’image des deux artistes hélas, ils ont passé tout le concert tapis dans l’ombre du milieu. Le milieu leur va bien, une zone un peu mystérieuse, car elle est située entre ironie et naïveté, entre musique sérieuse construite et bricolage approximatif.

Ce qu’il y a de bien dans ces soirées c’est que l’on attend toujours le truc suivant. Là encore, c’est une tête connue, Petit Fantôme, le projet solo foisonnant et pop de Pierre Loustanau. Pierre Loustanau, le garçon sensible de Crane Angels ou de François and the Atlas Moutains.

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A la tête de Petit Fantôme, accompagné d’autres têtes connues, on sent bien qu’il a envie de remettre au goût du jour les coiffures de chanteur improbables. Mais on peut tout lui pardonner tellement son univers est riche.

Le concert commence doucement avec le très doux et un peu dissonant Peio, morceau un planant, avec des nappes ambient, un piano doucement égrené, et des  paroles en français. De la musique honnête (je suis sûr que vous voyez où je vais en venir, hein les petits malins) qui prend des influences dans la pop gentiment allumée des années 70,  mais aussi dans la noirceur romantique et le son parfaitement ciselé du shoegaze (moche le mot, mais je n’ai pas trouvé mieux pour définir).

On retrouve les morceaux de l’incroyable Stave (si vous ne connaissez pas allez voir ici)  la meilleure mixtape maison de groupe originale du monde, (accompagnée par un  très beau site).

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Dans le désordre, L, Teahupoo, et bien entendu Etre Honnête, (voyez ce n’est pas un hasard). Etre Honnête, ma préférée du lot, qui me fait penser un peu à Air (avant folie des grandeurs), de Rob (avant l’oblivion) et de Max Berlin (pour la référence cool) — la playlist tout en bas avec les morceaux en question —

La musique de Petit Fantôme c’est la musique de l’introspection, de la solitude intelligente et créative. Le gars m’a toujours fait l’effet d’être un peu écorché, sur le fil. Là les thèmes abordés sont clairement de l’ordre de l’intime, mais ça ne tombe jamais dans les pleurnicheries, il sublime la nostalgie et le spleen par des audaces de compositions. En regardant un peu les glorieux anciens, mais surtout en les réinterprétant.

Grandaddy et ses douleurs sublimes ne sont jamais loin, et pourtant, pourtant la patte est différente; parce que sa palette est peut-être plus variée, la culture est différente, et il ya a aussi une audace particulière.  A la fin du concert le souffle coupé par la prestation le public est renvoyé dans les cordes par un final ébouriffant, Le Garçon sans Courage, en apothéose, fait de motifs répétés et hypnotiques; ici pas besoin d’encore, ou bien alors l’encore sera le prochain concert, pour une heure de bonheur en plus.

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Moi le 19 février, je sais déjà où je serai. Et 2h de TGV pour ça, ça en vaut vraiment la peine.

Playlist (c’est cadeau, allez)

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  1. Happiness In Uppsala » Route du Rock Hiver 2014. Michel Cloup, Petit Fantôme et Crystal Stilts à l’Antipode Rennes. Mercredi 19 février 2014

    […] retrouve sensiblement la même setlist que lors du concert précédent ; où j’avais déjà été plutôt content et modéré dans mon report. (oui, j’aurais pu être bien plus méchant avec le milieu). On réécoute avec bonheur les […]

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