Le succès ne l’a pas assagi, bien au contraire, toujours plus loin, toujours aussi brutal, Luiz Vasquez noie avec Criminal, sa dark wave dans un bain d’indus et de dance tapageuse. Album sous forme de catharsis, l’américain se décide enfin a affronter ses propres démons, et on se les prend en pleine face.
Luiz Vasquez n’a apparemment toujours pas entamé de thérapie, et c’est tant mieux. Depuis son album éponyme sorti en 2010, L’américain dissèque sa psyché et ses cauchemars liés à une enfance pas des plus joyeuse. Grandissant en plein désert du Mojave dans les eighties, il s’échappe de son ennui et de la violence qui l’entoure grâce aux albums de Can et au heavy metal. Considérant chaque chanson comme autobiographique depuis ses débuts, Il donne vie à une œuvre introspective, un exutoire à l’émotion brute qui ne laisse aucune place à l’apaisement.
Au départ fortement influencé par le kraut rock et le post punk, les albums de The Soft Moon se sont étrangement de plus plus radicalisé avec le temps, repoussant les limites de la violence et de la noirceur d’une musique qui s’apparente maintenant plus à Ministry qu’à Joy Division.
Depuis son départ pour Venise en 2013 et sa rencontre avec le producteur Maurizio Baggio (l’équivalent italien de Trent Reznor), qui donnera naissance à l’album Deeper deux ans plus tard, le chant et les paroles sont depuis maintenu au premier plan. Ce qui permet de comprendre un peu mieux le regard toujours aussi optimiste que Luiz porte sur lui-même (Eyes, reflecting the person that I am, and it burns , fire, hell is where I’ll go to live, so I burn , ce genre de trucs). Criminal explore donc cette fois la culpabilité et la haine de soi « Mon plus grand démon qui me suit depuis l’enfance », sans filtre, ni concession.
Maintenant installé à Berlin, ce nouvel environnement semble avoir donné une touche plus industrielle et anxiogène que ses précédents albums (si si c’est possible). Malgré quelques temps morts comme sur Criminal ou It Kills, l’heure est à la fulgurance à la limite du screamo où l’on croise les premiers titres de Crystal Castles (pour l’optique dance lo-fi) voire ceux de Salem (pour les ambiances nihilistes).
Avec ce quatrième album, The Soft Moon nous plonge encore un peu plus dans une obscurité post-industrielle, et Luiz Vasquez symbolise maintenant à lui tout seul les quatre cavaliers de l’Apocalypse.
The Soft Moon – Criminal (Sacred Bones/Differ-Ant) – Sortie le 2 février 2018