Route du Rock 2015. Entretien avec François Floret et Alban Coutoux

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Si on faisait un bilan de l’an passé ?

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François Floret : Alors il ne faisait pas très beau le premier jour !! Plus sérieusement, en dehors de la météo, c’était quasi parfait. On n’était pas très loin du record de fréquentation ! Donc sur ce plan là…

Et donc c’est combien votre record ?

F : En 2005, on a fait notre record, c’était aux alentours de 27000, payantes hein, je ne parle qu’en entrées payantes. Et donc l’an dernier, nous étions à 26000 et des brouettes, et donc on était vraiment tout proche. Sans la météo pourrie, on aurait pu battre le record, dans le sens où le soir de Portishead, on n’était pas archi complet, certes bien serrés mais au niveau de la jauge on pouvait encore accepter du monde. On a pris la décision, au vu de l’état, d’arrêter les ventes. Les grandes flaques nuisant au confort du public.

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On a donc préféré s’asseoir sur un petit millier de personnes en plus, c’est dommage mais c’est mieux que ça ne soit pas la catastrophe et ne pas s’en prendre plein la tête après coup.

Mais globalement une édition réussie.

Ah oui complètement.

Avec des bons souvenirs…

F : Ah ben oui, Portishead c’était chouette

Alban Coutoux : Oui, pas mal de belles choses, Darkside, Fat White Familly, Metz….

F : Cheveu, apparemment a beaucoup plu aussi. Moderat c’était chouette aussi, un peu clinique maisc’était bien.

A : Baxter Dury c’était génial aussi.

F : En gros pas grand-chose à jeter. C’est vrai qu’on revient toujours au climat, mais c’est con, parce qu’il aurait fait beau, c’était parfait.

Cette année, on veut mettre le maximum de force dans l’accueil du public. On veut redorer le blason, ou le dorer, je ne sais pas comment dire. On a quand même un sacré retard par rapport à plein d’autre événements.

J’ai vu qu’il y avait eu des travaux dans l’enceinte du Fort de Saint-Père… Du coup plus de flaques d’eaux géantes ?

F : Voilà ! Il y a eu un drainage du site qui a été fait, c’est à dire pour schématiser qu’il a été viabilisé. Avec des vues et des canalisations souterraines pour vider le trop plein d’eau. Le terrain est maintenant un peu comme celui là (montrant le sol), peut être pas aussi poussiéreux, mais c’est un mélange de terre et de petits cailloux. Du coup, si il pleut, les gens auront les pieds au sec, il n’y aura plus de flaques de boue et surtout tout a été mis à niveau. Il n’y a plus d’endroit avec des cuvettes (NDLR : du coup les petits n’auront plus d’endroit pour mieux voir la scène). C’est un gros plus, on réclamait ça depuis un bon moment. ça a été voté et financé par les décideurs il y a trois ans, ça a un peu mis trop de temps à nos yeux, ça veut dire que ça aurait pu être fait au moins en 2013, ça a pris un peu plus de temps pour des raisons administratives (appels d’offre, etc). C’était un gros projet avec un budget de 700000 euros au final, l’essentiel c’est que ça ait été fait. Après l’extérieur, campings, parkings, on ne les gère pas, ce sont des champs. Mais c’est quand même une bonne nouvelle, qui tombe plutôt bien, surtout cette année où on fête nos 25 ans.

Cette année, en plus de cet aménagement qui va faire du bien à l’accueil du public, on veut mettre le maximum de force dans l’accueil du public. On veut redorer le blason, ou le dorer, je ne sais pas comment dire. On a quand même un sacré retard par rapport à plein d’autre événements.

C’est vrai que l’an passé, sur les réseaux sociaux, il y avait eu quelques vives réactions.

F : Et à juste titre ! A un moment, il faut savoir reconnaître ses erreurs. Même si en gros, ces soucis sont dus à des raisons financières, là on n’a pas tellement plus d’argent mais on va essayer de se consacrer un peu à l’accueil. On va prendre plus de risques financiers pour l’accueil, en croisant les doigts pour que le festival marche aussi bien que l’an passé, on a une belle programmation.

Justement, la programmation, pouvez vous m’en parler un peu ? Il y a une petite chanteuse islandaise, paraît-il.

A : Oui c’est ça, cette petite chanteuse qui va faire l’événement cette année. C’est vrai que c’est bien, on ne pouvait pas rêver mieux pour les 25 ans du festival que d’avoir une artiste avec une carrière solo aussi riche, (et aussi longue, Debut date de 1994). Et c’est surtout une artiste qui reste pertinente artistiquement. On ne fait une tête d’affiche pour faire une tête d’affiche, justement on à la chance depuis trois ans d’avoir des têtes d’affiches de qualité (Nick Cave, Portishead et donc Björk).

On ne renie pas nos origines !! Dans la trilogie noisy pop, après My Bloody Valentine en 2009 et Slowdive l’an passé

Le retour des années 90… 

A : Oui, oui, ce sont les années 90, mais ils restent pertinents dans les années 2000, ce sont des artistes qui continuent d’influencer et qui se remettent en question. Et qui sortent encore des bons disques, après le concert de Björk ça va être incroyable, il va y avoir 18 musiciens sur scène. C’est vrai que ça devrait être l’apothéose de cette année. Après c’est la tête d’affiche, il reste la petite trentaine de groupes qu’il y a derrière.

Des noms qui ressortent ?

A : Il y a des valeurs sûre en dehors de Björk, il y a Jungle, Ratatat… Et aussi Ride qu’on va accueillir avec joie.

Toujours les 90’s

F : On ne renie pas nos origines !! Dans la trilogie noisy pop, après My Bloody Valentine en 2009 et Slowdive l’an passé, c’était le groupe qui manquait au tableau. Il y a aussi Notwist, qui va jouer l’album Neon Golden (et c’est une première mondiale -carrément-).

A : Oui lors de la soirée d’ouverture à la Nouvelle Vague.

F : On a un historique avec eux, ils nous aiment beaucoup. Il sont venus plusieurs fois avec plusieurs projets (Lali Puna, Ms John Soda…)

A : Le groupe de Ty Segall, Fuzz devrait aussi bien plaire.

F : Il y a aussi des groupes comme Girl Band, avec un son un peu plus dur. C’est des groupes qu’on doit défendre, des groupes avec un son qui « gratte » un peu. Le rock c’est pas que des kilomètres de guitare, c’est aussi des trucs un peu compliqués, un peu plus dure, de la pure énergie.

Algiers…

A : Oui, l’enchaînement avec Timber Timbre, qui est un peu dans cette lignée, même si le son est différent, il y a ce côté sombre et crépusculaire, donc ça devrait bien fonctionner. Il y a aussi l’enchaînement du dimanche soir.

Les très fameux enchaînements de la Route du Rock !

A : Oui ! Donc l’enchaînement du dimanche soir, Dan Deacon, Juan McLean et Jungle . Ce devrait faire une belle cloture de festival.

Je me souviens avec émotion de Dan Deacon sur la toute petite scène en 2011.. 

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2011; le chaos Dan Deacon

F : Ah oui c’était trash !

A : Là cette année; la formule sera très différente, puisqu’il sera sur la grande scène, avec des musiciens. Il n’y aura plus cette proximité !

Du coup, on peut dire 25 ans et toujours indépendant ?

F :  Ah oui !

Toujours une démarche originale, en dehors des grosses machines.

F : On peut vraiment assumer cette étiquette. On n’a pas de mécènes derrière nous qui nous diraient ce qu’on doit faire. On n’est pas une commande de qui que ce soit. Et tout le monde le comprend bien, que ce soit les tourneurs ou les labels, ils nous proposent des artistes quand ils sentent que le groupe serait cohérent chez nous, ils ont compris l’ADN du festival ! Il y a assez peu de tourneurs qui veulent vendre pour vendre, ils savent que chez nous ça passe par une moulinette artistique. C’est un raisonnement qu’on tient pour nous même aussi, on est une agence de booking et on pourrait très bien se dire qu’on va programmer des artistes de l’agence, pour faire une vitrine. Mais là encore, on se demande toujours si le groupe sera cohérent pour le festival.

Pour les 25 ans, on ne voulait pas faire une édition nostalgique

Des perspectives d’avenir ?

A : Déjà pour les 25 ans, on ne voulait pas faire une édition nostalgique; on aura un regard rétrospectif quand même avec une expo photo du photographe Richard Bellia et puis il y aura un livre sur les 25 ans du festival qu paraîtra à l’automne aux éditions de Juillet, rédigé par un journaliste qui écrit dans Ouest-France et dans Magic ! En gros c’est les deux éléments un peu rétrospectifs pour le marqueur quart de siècle. Quand  à 2016, on y pense sans y penser.

F : A l’issue du festival, on fait toujours un point avec les équipes dès que tout le monde a soufflé, on fait un debrief, s’il y a des trucs qui ont marché on les reconduit, on fait le bilan.

Et sinon pour terminer, vous écoutez quoi en ce moment ?

F : Moi des trucs assez lyriques ! La BO du film The Duke of Burgundy par Cat’s Eyes

C’est super beau.

A : Moi c’est Sufjan Stevens qui a un peu de mal à quitter la platine.

F : C’est marrant on a quand même des différences, moi j’ai du mal à accrocher à l’album de Stevens. Dans le côté nostalgie, moi qui n’aimait pas trop Beck, j’aime bien le dernier album.

Et j’aime bien aussi The Districts qui jouent au festival

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  1. Happiness In Uppsala » Route du Rock 2015. Day one. Vendredi 14 août 2015

    […] de drainage de l’enceinte vénérable dont on a entendu parler depuis quelques temps (un peu, genre là, et dans d’autres endroits moins […]

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