Le MIDI est notre festival de l’été favori, le lieu, le soleil et les choix de programmation soignés en ont fait le point de départ de nos étés musicaux. On l’ a découvert presque par hasard en 2010. Il y avait tout ! Une programmation soignée qui faisait la nique aux gros festivals, des noms cryptiques, une obsession de la découverte et une ambiance de feu qui nous avaient convaincus qu’on tenait le rendez vous de nos étés pour plusieurs années.
Cette année : une innovation au MIDI, un rôle d’autorité bienveillante donné à un artiste pour accompagner les trois jours. Etienne Daho est donc le président d’honneur du festival, pendant trois jours il a fait des photos des artistes (pas d’inquiétude, Brian Adams est encore bien tranquille pour quelques années…)
Donc, cette année, pour la sixième année d’affilée, la pinède sous le (presque) soleil a accueilli une dizaine de concerts. De cette édition 2016 avec un panel musical représentant toutes les franges (et niches) de la pop, on retient quelques groupes, et quelques moments marquants.
Les très cools Requin Chagrin, de la pop gentiment garage, avec une chanteuse à la voix grave et une bouée en plastique en forme de requin ont parfaitement lancé les hostilités. Le concert est sans surprises, le groupe, très appliqué, joue les chansons de son album éponyme.
On retrouve bien la fraîcheur et les mélodies entêtantes du disque, mais sans prise de risque, et sans trop de folie. Le seul événement marquant étant l’incursion de leur requin en plastique dans le public et son pogo un peu fou (ce qui a eu l’air de crisper le groupe, un peu inquiets de l’avenir de leur ami en polypropylène). Le groupe parfait pour débuter un festival, même s’ils auraient mérité de jouer plus tard.
La fin de la première soirée sur les sons synthétiques de Flavien Berger a été un autre des bons moments du festival, alors que le disque ne m’avait pas vraiment enthousiasmé. Un live super efficace et bien ficelé et une assistance ravie qui danse dans la douce nuit hyéroise.
La prestation outrée de Sweat a été assez marquante aussi, sans doute pas pour de bonnes raisons ; mais les poses et l’énergie déployée par le chanteur sont admirables. Les cinq anglais devraient faire les beaux jours de YouTube lorsqu’ils auront un peu grandi.
Le groupe du cousin de SubZero, Drone Club a bien intrigué les festivaliers, avec leurs accoutrements photosensibles et leur chanteur atteint d’ADD (« qui chante avec un mégaphone »), à revoir eux aussi, donc.
La seconde soirée MIDI Night avec notamment les excellents Mawimbi et Africaine 808 ont presque fait oublier le cadre scandaleux de la soirée club (imaginez un chapiteau sur un parking de parc d’attraction au milieu des marécages) avec leurs rythmes digitaux et leurs inserts subtils de pop africaine.
Le dernier jour, l’ambiance r’n’b qui miaule avait de quoi dérouter, mais les français de Keep Dancing Inc. ont très bien su tirer leur épingle du jeu et réveiller tout le monde dans la torpeur moite d’un après orage, on a bien apprécié leurs mélodies à la guitare accrocheuses et leur enthousiasme communicatif.
Dans les moments à oublier, la « hype » (lol) Paradis et leur propension à se répéter, et on gardera sous silence le fait de jouer deux fois la même reprise dans un concert même si c’est Alain Souchon, sans doute un problème d’étroitesse du répertoire et de jeunesse du groupe. Une hallucination sonore nous aurait même fait entendre une reprise de Décalée de Patrick Bruel lors de leur set, mais il est possible que l’orage et la fatigue accumulée nous ai trompés.
Les fidèles du festival, Ménage à Trois ont un peu moins convaincu que lors du fameux concert en poncho (dit du Crowdfunding), la tristesse fredonnée passe beaucoup moins bien sous chapiteau RC Toulon, il faut croire, ou alors l’effet de surprise était complètement dissipé.
Concernant les tous jeunes Liss, que l’on devrait revoir assez vite, leur soul funk mérite peut être un peu plus de temps de maturation, ou une oreille plus attentive.
Les soucis des navettes et les petits problèmes d’organisation récurrents du festival sont aussi à oublier encore une fois, le festival est encore jeune. Cependant, un festival n’est pas qu’une réunion de guests prestigieux et de copains, c’est aussi un moment de l’année un public très fidèle revient avec plaisir. L’accueil doit être la première priorité d’une organisation d’événements, avec des aides au festivalier à jour (coucou l’appli avec les pages ‘bientôt disponible’), une information meilleure et une écoute de ce public exigeant et passionné (oui, on peut quand même mettre un bon point pour l’enquête de cette année).
Pour résumer, le cru 2016 était assez bonne édition avec de bons moments, le plaisir de revenir dans ce lieu désormais passage obligé pour la pop actuelle protéiforme. La tête chercheuse de tendances musicales novatrices a sans doute de nombreuses années devant elle et une marge de progression très grande.