Lui, c’est Simon Labrosse, sans emploi, mais pas désespéré, plein d’idées pour se sortir de la mouize des années 90 au Canada.
Face au public, accompagné de deux compères, Léo, son vieux chum, poète dépressif, et Nathalie, une nana obsédée par son développement personnel, recrutée par petite annonce, Simon entreprend de raconter sept jours de sa vie.
Fébrile face à un avenir incertain et somme toute inadapté à une société à la fois trop facile et sans pitié, cet anti-héros, figure contemporaine du Candide, va chaque jour se réinventer pour tenter de trouver sa place. Tour à tour cascadeur émotif, finisseur de phrases, flatteur d’égo ou allégeur de conscience, il va tenter de “vendre” des services les plus inédits pour se créer un emploi – plus une fonction dans un monde où personne de l’attend.
Sur une partition formidablement écrite par la dramaturge canadienne Carole Fréchette et mise en scène avec pep’s et intelligence par Claude Viala, “Les sept jours de Simon Labrosse” est une fable moderne d’une sagacité rare qui nous offre une réflexion humaine, pop et dynamique sur un personnage qui n’adhère pas aux codes d’une société ultra normée sur tous les plans.
Le texte est d’une efficacité redoutable, d’une grande habileté. Il joue sur les mises en abyme, impose un imparable esprit de dérision mêlé d’urgence et réjouit par la verdeur du parler québécois.
Sans compter qu’il est porté par un trio d’acteurs excellents. Tous trois font des miracles pour restituer l’ADN de la pièce, entre drôlerie, optimisme, émotion, absurde, amertume et profond désespoir.
Cédric Revollon est Simon, aussi enthousiaste que désemparé, excellent de fougue et d’intensité dramatique. Eve Rouvière est géniale en nana ordinaire, en quête de sens à sa vie et Hervé Laudière est impeccable en anti-alter égo du héros, portant en lui toute la noirceur et la mélancolie du monde.
On se réjouit de tant d’adresse scénique, on est captivé par un rythme effréné parcemé de trouvailles jubilatoires et de bons mots implacables. La fantaisie se confronte au rire et à l’émotion sincère. Peut-être sommes nous tous des Simon Labrosse ou peut-être aimerions nous avoir le courage de l’être pour pouvoir rebondir sans cesse?
Comme un bon Ken Loach, on en ressort aussi ému qu’heureux. A voir sans tarder au Théâtre de Belleville.
Informations et réservations: http://bit.ly/OHTaqR
Mise en Scène Claude Viala
Conseillère artistique Christine Tiana
Musique Originale Sansévérino
Scénographie Loïc Loeiz Hamon
Lumières Carla Silva
Avec Eve Rouvière,Hervé Laudière, Cédric Revollon