B comme Boulogne, B comme Billancourt, les 23, 24 et 25 novembre la 8ème édition du BBmix marquait une fois encore un grand coup avec autant de groupes émergents que de groupes affirmés ou déjà légendaires. Programmation pointue et alléchante : Spain, Beak>, Ty Segall, The Rebel, et une conférence avec Irmin Schmidt (de Can et leur krautrock!)… Que du beau monde, à 10 euros la soirée, on ne peut pas vraiment se plaindre. Le festival se déroule au Carré Bellefeuille, une grande salle en descente, des sièges de velours rouge moelleux qui offrent à chacun une belle vue sur la grande scène, et surtout un son de qualité. En arrivant on se demande quand même comment le public s’organisera quand viendra la folie Ty Segall.
Revue de quelques-uns des groupes du week-end.
The Rebel, c’est le projet du leader des Country Teaser (punk écossais), accompagné d’une batteuse en chaussettes. Une voix grinçante, un jeu de guitare nonchalant et des contorsions électroniques, le duo installe une sorte de transe qui ne pourrait s’exprimer que par des oscillations de la tête. Ben Wallers a ce côté désabusé des dernières heures de création de Syd Barrett. Et c’est là qu’on se rend compte qu’il y a des gens qui peuvent se permettre d’oublier comment jouer leurs propres chansons plus que d’autres (ou du moins qui arrivent mieux à inspirer la tolérance). Enfin avec l’aide de sa batteuse, le rebelle s’y retrouve quand même. Il incarne bien ses propres paroles : life is just a rehearsal, I can afford to make mistakes. Génie ou horreur, les avis sont partagés, mais pour notre part, c’était génial. Et c’est quand même une certaine expérience d’assister à un concert dans une salle à température adéquate, alors qu’il aurait sa place dans un bar moite, .
Par la suite les Chain and the Gang vont tenter de faire monter la température. Beaucoup plus propret que les précédents, le quintet est porté par deux chanteurs, un crooner sur ressorts et une jeune fille qui fait un peu trop la moue. Si le gourouIan Svenonius a déjà fait ses preuves dans la musique (groupes, livres, émissions foutraques), le rock un peu roll et groovy du groupe est trop appuyé sur la prestation scénique du duo qui échange un dialogue énergique qui tourne un peu en rond, à coup de who cares ? why not ? à différentes sauces. Une ou deux personnes bondissent déjà dans les escaliers, mais la mollesse des musiciens qui accompagnent les deux piles électriques en font un tableau bizarre, en fait très instable. Finalement, s’ils avaient tous été aussi hystériques que les deux personnages, on aurait eu une bombe à retardement sur scène, c’est dommage.
La confiture aura quand même pris pour certains, un échauffement juste avant la déferlante Ty Segall. Effectivement, une grosse partie de la foule est venue particulièrement pour eux. Dés leur arrivée le trio envoie du garage lourd, vif, excitant. Les ballades noisy sont beaucoup moins nombreuses qu’aurait pu le laisser penser leur répertoire, le rythme ne faibli pas. Les fans sont en folie dans le peu d’espace disponible face à la scène, et le long des escaliers. Pas très expansif de nature, Ty Segall est tout de même de bonne humeur et le témoignera en lâchant tous les instruments sur le public (apparemment tout serait revenu en place). À défaut de trop retourner la salle, ils auront retourné nos cerveaux, par le biais d’un secouage de tête extrême.
Encore un autre style représenté au festival avec Beak> et leur « Kraut-Rock abîmé, sous surdose de calmants » (comme justement décrit par l’équipe du BBmix). Geoff Barrow, membre fondateur et producteur de Portishead, et ses deux acolytes produisent un bouillon musical enivrant, électrique, psychédélique, qui stagne et bouleverse en même temps. Être allongé (vautré avec un peu d’honnêteté) face à la vague de basses qu’ils envoient, ça relaxe, détend, fait un peu délirer et excite intérieurement. C’est sur ce moment exaltant que le festival s’est conclu.
Finalement, le BBmix on en ressort tout apaisé, et il parait que l’année dernière ils avaient même les pieds dans la neige!