Une après-midi avec l’entertainer en robe de chambre et pantoufles, qu’espérer de mieux pour échapper à la pluie parisienne?
Ce dimanche, Chilly Gonzales entamait sa mini-résidence de trois dates à la Gaîté Lyrique à l’occasion de la sortie de Piano Solo II. Si l’album n’a pas fait un énorme buzz, le fantasque canadien affiche une fanbase plus que fervente et des dates sold out. Avec ça, la proximité qu’il apporte à ses lives et le fait que j’étais installée au deuxième rang, j’avais l’impression, même en payant ma place, d’être une sorte d’happy few.
Scénographie simplissime ce jour avec un piano et le désormais célébré dispositif “Pianovision” qui projette en direct les mouvements des mains de Gonzales sur son clavier sur un écran rectangulaire situé au fond en haut de la scène. Il commence par jouer trois morceaux de l’album qu’il présente puis, en showman qu’il est, il transforme son récital en performance aussi jubilatoire que pédagogique.
Le principe ne paie pas de mine et chez d’autres semblerait plus que rébarbatif : il s’agit en effet d’expliquer son travail et son approche de la musique, de la composition ou du live en jouant comme pour illustrer son propos. Seulement, Gonzales n’est pas qu’un homme de studio. C’est avant tout un putain d’homme de scène habité par son art! Plein d’humour, malin, ambitieux, hyper-créatif et sans complexe.
Il n’est peut-être pas le pianiste le plus prodige du monde – loin de là, et il a un toucher très particulier, mais il aborde son instrument avec autant de modestie (bien planquée sous sa mégalomanie assumée pour de rire) que de passion et d’inventivité, en intégrant le public comme partie prenante de son show. C’est parfois un peu lourd (quand il demande à des gens de venir sur scène) mais c’est le plus souvent jubilatoire.
Sans doute parce que, outre le plaisir de découvrir en version acoustique des titres énormes comme Supervillain Music, Rap Race ou Take me to Broadway, on assiste à un spectacle hybride étonnant par son format et son propos et souvent instructif qui donne envie de jouer soi-même.
Cette envie de transmission est-elle un signe de maturité? Pas sûr… Gonzales est toujours aussi facétieux, trouvant le ton juste pour construire son personnage sans pour autant jouer les clowns. C’était la quatrième fois que je le voyais sur scène en moins de quatre ans et une nouvelle fois, j’ai été surprise, titilée, captivée et ai beaucoup ri. C’est un vrai plaisir qu’un live aussi généreux et spirituel.