Quatrième album des Wooden Shjips ! En six ans d’existence publique et plutôt remarquée, les californiens ont tracé une route originale dans le monde concurrentiel des groupes de rock psychédélique. Les gars de San Francisco ont un plan, une patte qu’on reconnaît assez facilement, après une écoute attentive, tout mettre en place pour pouvoir placer des envolées technicistes et des solos dans tous les sens, et ainsi achever le vieux rêve de la transe universelle. La musique ultime qui ferait à la fois les jolies filles et les norvégiens-phocéens les bras en l’air (autant dire que le projet est ambitieux et pour l’instant seuls les derniers cités sont sensibles aux Wooden).
L’album s’ouvre sur Back to Land, générique et sans prise de risque mais il a le mérite de poser l’ambiance. Puis avec Ruins et Ghouls, les choses sérieuses commencent, on pense à Suicide avec un peu moins de synthé et si j’osais je parlerai aussi de Neil Young et soyons fous, des Doors (pour le côté hypnose collective et bœuf entre potes trop forts en musique) . Même tarif avec In The Roses et Servants, qui suivent. La recette du groupe est toujours bien visible, tout est dit dès les premières secondes, le décor est instantanément dressé ; pour pouvoir ensuite laisser des espaces de liberté, des moments où la vaudou prend le dessus.
Il y a quand même un moment qui laisse pantois dans ce disque, la chanson de clôture, surchargée de distortion, Everybody Knows, entre Smashing Pumpkins sous neuroleptiques, concours de TySegallisme et balade de stade de Neil Young, la chanson à écouter en buvant du vin dans la ville, avec celle qui aime tant les randonnées et pas tellement le vin, mais qui à l’air d’aimer la musique, en tout cas Wooden Shjips qui passent parfaitement sur le mini haut parleur de son Samsung Ace. On ne remerciera jamais assez Spotify et son encodage pointu / aigu, béquille idéale des plans drague les plus foireux.
On résumera que ce n’est sans doute pas l’album de l’année, mais plutôt une somme d’ambiances et de constructions musicales qu’il fait bon retrouver. Et les subtils changements de leur recette et la cerise du dernier morceau sont bien là pour nous faire dire que les Shjips ont encore de jolis voyages à nous proposer.
Wooden Shjips – Back To Land (Thrill Jockey, 2013 )