SHABAZZ PALACES – Quazarz vs. The Jealous Machines // Quazarz  : Born of a Gangster Star (Sub Pop/Pias, 2017)

Le duo de Seattle sort un double album conceptuel de space opera et casse tout les codes du hip hop et prouve ainsi qu’ils sont bien l’une des formations les plus passionnantes du moment.

Signé sur Sub Pop (label fondateur du grunge) lorsque ils ont effectué une incursion vers le hip hop indépendant (aux grands dam des puristes), Shabazz Palaces s’est très vite fait remarquer pour leurs compositions bancales qui doivent autant à Sun Ra, Suicide, aux pionniers de The Last Poets qu’au kraut rock allemand. Composé de Ishmael Butler alias Palaceer Lazaro (ancien membre de Digable Planets, groupe emblématique du hip hop east coast dans les années 90), et de Tendai Baba Maraire (le fils de Dumisani Maraire, illustre compositeur africain et spécialiste du m’bira), Shabazz Palaces se font rapidement remarquer avec Black Up en 2011, album joliment barré qui laissait entrevoir un potentiel certain et un spectre musical allant de Captain Beefheart à la musique concrète. Résolument ésotérique à ses débuts, leurs compositions enfumées ressemblaient parfois plus à des chutes de studio,  à des bribes, donnant ainsi un peu plus de mystère à ce patchwork indescriptible.

Pour ce troisième album, le duo a vu les choses en grand  : Un double album avec pas moins de 23 titres. Le premier disque se concentre sur une diatribe  anti-Trump, alors que le deuxième album se consacre à notre rapport à la technologie.

Vaste programme , pour un album gargantuesque et fourmillant d’idées. Shabazz Palaces quitte donc son ésotérisme pour se consacrer à une musique plus urbaine, emplie de réalisme social  : lutte des noirs américains, montée du fascisme, surconsommation… Chaque titre raconte une histoire, dont le fil est l’odyssée de Quazarz  : un alien envoyé sur Amurderca en tant qu’émissaire musical pour observer la planète. (L’herbe pousse toujours aussi bien du côté de Seattle apparemment).

Côté featurings, on retrouve les comparses Thadillac et Thundercat (auteur de l’un des meilleur album de 2017) pour donner un peu plus de substance à un album où les narcotiques semblent déjà bien présent. Blague à part, Shabazz Palaces a cette fois-ci soigné ces instrumentations, on découvre ainsi de véritables architectures sonores où rien n’est laissé au hasard, une véritable précision d’orfèvre d’où émane une douce folie, au raffinement séduisant.

Bien loin du rap game et de sa démesure, Shabazz Palaces est devenu le maître d’un hip hop expérimental humaniste et spirituel qui invente son propre futur tout en donnant un bon coup de vieux à Antipop Consortium et Blackalicious. On en redemande.

SHABAZZ PALACES – Quazarz vs. The Jealous Machines (Sub Pop/Pias)

 

SHABAZZ PALACES – Quazarz  : Born of a Gangster Star (Sub Pop/Pias)

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