Vendredi 15 août, le réveil dans la tente est un peu difficile après une nuit à compter les gouttes heurtant la toile. Le temps de traverser le champ de mines qu’est devenu le camping (oui, le mauvais temps n’était pas un option pour « l’endroit super beau/sympa prévu ») et c’est un premier debrief de la soirée de la veille devant plusieurs cafés en observant les zombies titubant sur les planches dévorées par une pâte étrange entre mélasse et pâte à crêpe (ouais on est en Bretagne, à défaut de parler de galette saucisse…). Le bilan est mitigé mais on compte sur ce soir pour rattraper le coup. Un peu de repos suit le petit déjeuner, et nous sommes à nouveau à pied d’œuvre pour la suite.
On a raté Angel Olsen le jour précédent, mais là on est bien en train de faire la queue devant les portes pour ne pas manquer une miette de la soirée, et on n’est pas les seuls, il y a déjà beaucoup de monde à attendre. Du coup pour rendre l’attente plus agréable, le premier groupe commence à jouer alors que les portes ne sont pas tout à fait ouvertes, c’est pas mal et ça change des attentes devant les scènes vides. C’est la magie de la Route du Rock, toujours créatifs*.
On finit donc par arriver pour voir un petit bout du set des Cheatahs, pop rock à reverb pas désagréable pour une fin d’après midi ensoleillée. Je quitte la scène des remparts pour entrer dans le fort, et là je découvre que pendant la journée toute l’avant-scène a été recouverte de paille, c’est pas mal et ça devrait donner un côté champêtre aux concerts de la soirée.
Les pieds dans la paille, on voit arriver Anna Calvi la première à jouer sur la grande scène ce soir. Vêtue de noir et accompagnée par un groupe, elle commence tout doucement le concert. Je n’ai jamais trop aimé Anna Calvi, sa voix abrasive et ses grimaces outrées.
Certaines chansons comme Desire ou Suddenly avec ses accents qui font penser à Goldfrapp sont plutôt chouettes mais le reste est quand même un peu pénible à la longue.
Une pause, et on se retrouve devant la scène secondaire pour le concert de Protomartyr, un grand type à côté de moi crie « Allez ProtoMal-être !! ». C’est vrai, il n’a pas tout à fait tort, tant le chanteur semble porter toute la misère du monde sur ses épaules. Mais il ne reste pas longtemps calme, dès les premiers morceaux il monte rapidement dans les tours et fait vite oublier cette impression bizarre du début.
C’est brutal, ça bouge bien et la voix du gars est parfaite pour faire bouger les têtes, du bon post (?) punk au final et une belle découverte qui va être dans mes playlists pour un bon moment.
Retour à la scène du fort, au fond une grande banderole Slowdive la décore désormais.
Il parut alors une beauté à la cour, qui attira les yeux de tout le monde, et l’on doit croire que c’était une beauté parfaite, puisqu’elle donna de l’admiration dans un lieu où l’on était si accoutumé à voir de belles personnes.
Le groupe arrive sur la scène, Rachel Goswell est vêtue d’une très jolie robe de poisson, les autres membres du groupe sont bien là, il y a bien quelques cheveux gris en plus, mais c’est un plaisir de voir ce groupe, qui a arrêté d’exister en 1995 (oui ça fait presque 20 ans).
Le concert est parfait, il semble ne durer que le temps d’un soupir, la musique est émouvante faite de carillons de guitares, de montées et de descentes vertigineuses. C’est à la fois puissant et doux, un grand moment de cette édition 2014.
Une pause et c’est le deuxième grand rendez vous avec la venue des tout aussi vénérables Portishead, autre machine implacable à nostalgie. ça commence magnifiquement bien avec dès la troisième chanson du set, The Rip, tube absolu (selon moi) du dernier album en date.
Bien entendu, on retrouve aussi les vieilleries, comme Wandering Star ou Glory Box. La prestation des anglais est réglée au millimètre, il n’y a pas de place aux approximations et aux épanchements, tout est en place, rien ne dépasse, du coup c’est un peu ennuyeux, (avec des guillemets hein du calme), par moment.
Un peu engourdis après ces bons moments passés avec les glorieux anciens, retour à la petite scène pour notre dose d’adrénaline avec les dingos de Metz. Bon je vais pas faire de jeux de mots sur leur nom hein.
Je me souviens d’un concert incroyable d’intensité à la Gaîté Lyrique devant un public de morts (ou qui dansaient dans leur tête je ne sais plus, mais qui semblaient plus là pour poser que pour écouter de la musique fort).
Trêve de digressions, le concert commence et évidemment c’est la grosse claque, ça joue fort, vite et on n’a pas le temps de reprendre ses esprits. Le concert est assez bref mais on passe un super moment, avec un public totalement hystérico enthousiaste, comme un réveil après un long sommeil. Bon ok, un réveil avec des hurlements et pas mal de disto, mais c’est plutôt roboratif.
Après, en pleine forme, on décide de se diriger vers la grande scène pour attendre la suite lorsque tout à coup.
Les premières mesures de la chanson Les Jaloux Saboteurs du chanteur tchadien Maître Gazonga, et c’est parti pour la désormais fameuse chenille de la Route du Rock, ce n’est pas une chenille tout à fait réglementaire, plutôt une multitude de petites chenilles qui se croisent, une multitude d’ateliers festifs un peu partout sur le site.
Ce petit moment de folie fait une introduction totalement parfaite à ce qui suit, le déglingués de Liars, qui reviennent à St Père après une prestation remarquée en 2010 (je crois).
Ils sont à la hauteur de leur réputation, Angus Andrew, le chanteur, commence le set avec un masque en laine du meilleur goût (qui rappelle un peu la pochette de leur album Mess, d’ailleurs). C’est super dansant et on reste bien dans l’ambiance festive de la chenille, en plus foufou. Le gars donne tout sur scène, il bouge dans tous les sens et ambiance un peu plus la foule (s’il y avait eu besoin).
C’est sûr que le concert n’est pas trop subtil, on est plus proche du bon vieux bigbeat des années 90 que du rock mélodique. L’avantage de ce concert c’est que ça réveille bien et donne envie de rester un peu.
Ça tombe bien, puisqu’il reste un artiste, ce soir pour clôturer, on a le duo allemand Moderat (mélange synthétique de Modselektor et d’Apparat). Il y a plein de trucs sur la scène, avec plusieurs écrans, et pas mal de machines, mais quand ça commence la température tombe de plusieurs degrés. C’est bien fait et plaisant à l’oeil, mais qu’est ce que c’est chiant ! (Oui, c’est un article d’opinion, pas un communiqué promo)
Du coup après quelques morceaux, l’appel de la tente est le plus fort, et de toute façon on est de retour sur le pont dés le lendemain.
* nb. On se rend bien entendu compte qu’il y a des impératifs de temps avec autant de groupes à jouer chaque soir, mais ce n’est pas forcément comme ça que le public le perçoit, loin de là.
[…] premier essai éponyme (Metz – Metz, 2012) et des prestations live brutales et sans concessions (voir ici), autant dire qu’on attendait avec impatience ce nouvel […]