Le festival VISIONS est un de ces petits festivals français qui nous font rêver, défricheur de nouveaux territoires musicaux, implanté localement, et proposant une offre artistique variée qui va au-delà du tout-venant prêt à écouter des autres festivals. Rencontre avec Guillaume, programmateur du festival et fondateur du label Les disques Anonymes.
Pour résumer, on veut faire un festival un peu haut de gamme, mais avec une programmation pointue, tout en gardant une ouverture locale et un attachement au lieu
Le festival VISIONS est un petit festival, un jeune festival, peux-tu nous parler de la genèse du projet ? De ton parcours avant d’avoir eu cette idée.
Au départ, on n’était pas du tout destinés à organiser un festival. On produisait des disques, et on accompagnait des artistes. On s’est rendu compte au bout d’un moment que la majorité des disques qu’on vendait, partaient tous à la fin des concerts qu’on organisait.
On s’est rapidement retrouvés dans un rôle de promoteurs, à la fois pour écouler nos productions et pour faire connaître nos artistes. On avait déjà organisé des concerts, et participé en tant que musiciens à des concerts ; mais là on s’est trouvés à en organiser vraiment beaucoup, une trentaine par an. Et puis par hasard, des copains niçois nous ont invités pendant quelques jours avec des groupes du label pour tourner dans la région de Nice, et ils avaient organisé un petit festival DIY vraiment confidentiel. Rapidement l’idée s’est imposée de faire un échange, une sorte de match retour, en invitant ces groupes du sud, c’est un peu comme ça qu’on s’est retrouvés à organiser le festival, parce qu’on savait faire, pour rendre la pareille aux copains. Aussi, on avait une certaine démarche qu’on voulait mettre en avant, un petit évènement, plutôt pointu avec des artistes qu’on ne voit pas l’été. Tu vois, ces artistes qui s’arrêtent de jouer au mois de mai quand les salles indé ferment et qu’on ne revoit pas avant octobre.
Donc l’idée c’était de faire un festival pour ces artistes-là, et en plus on est vraiment issus de cette scène là en tant que musiciens et que producteurs de disques.
Tu as parlé de programmation pointue, est ce que tu pourrais nous décrire quelle esthétique musicale vous inspire ?
On a une programmation qui peut sembler obscure pour les non-initiés à notre niche musicale. Du coup on essaie beaucoup de l’élargir parce qu’on n’est pas totalement fermés. Personnellement j’écoute pas mal de musique électronique, de la pop, des trucs dansants, et même du métal. Ça part un peu dans tous les sens, on n’est pas vraiment obsédés par un seul style, et on n’a pas forcément envie de courir après une cohérence parfaite, on veut un truc festif aussi, même si il y a des artistes un peu durs à écouter, il y a toujours une contrepartie, on peut trouver autre chose dans le festival.
Après ceci dit, on est quand même globalement placés sur la scène indie punk, indie électronique française, le machin wave quoi.
Et le lieu du festival, vous l’avez choisi comment ?
Alors déjà, la plupart des membres fondateurs du label sont originaires de Morlaix. Moi je suis de Plougasnou juste à côté de Plouezoc’h par exemple. Ce sont des endroits qu’on connaît bien. On avait beaucoup de contacts dans le coin, et on s’est retrouvés à avoir l’opportunité d’avoir ce lieu à notre disposition. Le lieu servait déjà pour des marchés de créateurs, des marchés de Noel, et il manquait un événement un peu tête de gondole. Du coup les occupants du lieu et la mairie étaient assez contents qu’on puisse utiliser le lieu pour faire quelque chose.
Le lieu est vraiment très cool, entre les vieux bâtiments en pierre, la forêt et la mer à côté. C’est un peu un lieu parfait pour faire ce qu’on y fait.
La jauge est à combien ?
La jauge se situe entre 400 et 500. Pour la préfecture, on ne doit pas dépasser 499, sinon on passera sur une autre catégorie d’événement.
Comment tu vois le futur ? Comment tu vois votre création évoluer ? Evolution raisonnable ou folie des grandeurs et droit dans le mur comme certains autres festivals qui se sont vus un peu trop beaux ?
Le site déjà, on y est très attachés, on n’a pas envie de faire une foire sur le site, ça l’abimerai trop, déjà 500 personnes sur trois c’est beaucoup pour un lieu comme ça. On fait très attention déjà, on n’amène aucun déchet sur le site. Les seules déchets qu’on a à traiter ce sont ceux des festivaliers, les packs de bières et cætera. On aime ce lieu donc y fait bien attention.
Ceci dit, on se dit que si l’année prochaine on peut arriver à 1000 personnes en utilisant le camping comme une scène supplémentaire, et ça resterai gérable, il faut que ça reste un truc de happy few, pour des gens initiés ! Tout en restant un peu ouvert, avec notamment le côté clubbing. On fait aussi les ateliers pour enfants, parce qu’on veut une implantation locale, on ne veut pas être les autistes qui restent dans leur coin, on veut se tourner vers les gens du coin.
Des coups de cœur dans la programmation ?
Je pense qu’un des moments forts ça va être Infecticide, c’est le gros show, ils sont déguisés sur scène et sont bien dans notre veine synth punk de cette année ! Je citerai aussi Kap Bambino, Master Master Wait. J’aime beaucoup Black Bug, je suis vraiment content de le faire jouer, je suis fan de ce gars-là.
[…] Tu veux en savoir plus sur le festival ? Tu peux lire notre présentation ici, et l’interview du programmateur là. […]