Cela fait un petit moment que je suis la Compagnie des Divins Animaux. Leur « Tour de la Défense » en 2010 avait été pour moi une révélation et depuis, je n’ai de cesse d’être littéralement bluffée par la qualité et l’audace de leur travail.
Avec « Quatuor Violence », présenté dans le cadre du Festival « Pleins feux sur le jeune création » au Théâtre de l’Opprimé, le metteur en scène Florian Pautasso et les quatre comédiens (Stéphanie Aflalo, Flavien Bellec, Solal Forte et Sophie Van Everdingen) réussissent un nouveau tour de force avec une pièce étonnante et détonante autour du thème de la violence.
Le sujet peut rebuter tant il est l’objet de lieux communs et de discours vains. Si c’est pour nous dire et nous redire que le monde est violent comme un état de faits auquel, pauvres victimes que nous sommes, nous n’avons qu’à nous soumettre, merci, on en a déjà assez lu, vu et entendu!
Mais ce thème, aussi rebattu soit-il, peut-il encore donner lieu à de la création? Lorsqu’il est traité comme ici, avec sensibilité, insolence et vigueur et trouve ainsi une ampleur et un intérêt absolument redoutables, la réponse est « Oui ». Incontestablement.
Le pari ? User de la violence comme un outil pour jouer. En faire, à travers toutes ses facettes autant de personnages à incarner dans une sorte de cabaret du quotidien mené tambour battant. Et, les « numéros » vont s’enchainer.
De la petite mesquinerie au terrorisme massif, des coups moraux et physiques que l’on s’inflige, que l’on subit ou que l’on porte aux autres, la violence crée un terrain de jeux quasi-illimité pour nos quatre comédiens. Toute leur fougue , leur intelligence et leur talent se mettent au service de ces multiples métamorphoses. Ils ne jouent pas des personnages mais donnent corps au thème avec une spontanéité et une énergie remarquables.
Peu importe de discerner le vrai du faux, la part de factuel et la part de fiction dans les bribes qui se succèdent. On est tour à tour décontenancés, ébranlés, émus, touchés ou ravis par ce tourbillon irrespectueux des formes établies et des attentes du public.
Étonnamment, un rire, qui n’est pas qu’un rire de catharsis, vient comme une conséquence logique à l’absurdité des situations limites. Ou, est-ce parce que l’humain est là, toujours ?
En effet, ce « Quatuor violence » est un condensé d’humanité, une pièce d’une sincérité et d’une liberté rares, où l’action théâtrale et le collectif prennent tout leur sens. Punk, généreuse et exigeante à la fois, elle donne foi en un théâtre contemporain téméraire et intelligent, et qui, avec ça, sait rester modeste et accessible.
On en ressort vibrants, vivants, enthousiastes et touchés. C’est qu’on vient de se prendre une bonne claque… et d’éprouver un énorme coup de cœur!
[…] peu plus de deux mois après nous avoir épatés avec « Quatuor Violence« , la Cie des Divins Animaux revient avec une nouvelle proposition théâtrale où elle […]