Ça commence tout doucement, avec des voix radiophoniques ou bien ce sont des samples. Les propos sont presque incompréhensibles, il y a aussi de sourdes nappes d’ambiance, comme si on se réveillait doucement d’une nuit sans rêve.Puis les voix s’estompent et la batterie et la basse posent l’atmosphère, et instaurent une douce tension. On peut se dire déjà que le disque commence parfaitement, prélude à l’envol, Ablaze in the Distance peut résumer à lui seul le disque d’Oiseaux-Tempête. Guitares sous tension, basse qui cogne et batterie presque martiale. Et ça continue, le reste du disque est à l’avenant.
Par exemple, Kyrie Eleison (le choix de titre le plus post rock du monde) pourrait être une visite d’un musée imaginaire, une déambulation accompagnée par des voix mystérieuses, inaudibles et éthérées. Silencer, une douce balade sous la pluie, qui pourrait parfaitement illustrer un matin un peu blême dans un film de Wenders/Jarmush (rayez la mention inutile). L’île et ses motifs délicatement imbriqués, ses sonorités electronica et ses nappes rêveuses nous transportent tout au long des 12 minutes (ou presque) du morceau.
Chaque morceau a une texture propre, s’ils semblent tous sortis d’un même moule dissonant et plein de rage contenue ; ils sont tous des illustrations rêvées d’un voyage. On sent à l’écoute du disque que Les Oiseaux-tempête ne veulent pas s’en tenir à un seul mode d’expression, leur disque est cinématographique, il fonctionne comme un coffre rempli à ras bord d’une multitude d’images, d’une foule d’émotions et d’une myriade de voyages potentiels.
Pour résumer, c’est le disque de l’introspection, de la fureur contenue et des émotions multiples. Un compagnon idéal pour les longs voyages en train, une bande sonore du paysage fugitif défilant sous nos yeux usés de voyageurs du quotidien.
Oiseaux-Tempête – Oiseaux-Tempête (Sub Rosa, 2014)
(et on me souffle que’un vinyle « re-works » sort fin avril, avec des versions remixées de chaque piste de l’album, tentant hein ? )