Globalement, le rendez vous indie de juillet n’a jamais déçu, il y a bien eu des éditions moins intéressantes et riches, des concerts un peu moins entraînants ; mais à la fin du week-end hyèrois c’est très souvent la même chose, un grand bonheur et l’impression d’avoir vécu quelque chose de rare et d’avoir emmagasiné des informations et des souvenirs pour toute l’année. Cette année en raison de quelques difficultés financières, il y a moins de lieux, exit les concerts sur l’hippodrome et la plage clubbing ; l’ensemble des concerts auront lieu dans le lieu « historique » du festival, la pinède de la Villa Noailles , tout là haut, dans le vieux Hyères.
Le premier soir, comme une mise en bouche a fait la part belle à des noms qui ont déjà fait les beaux jours du festival comme Panda Bear et François et le Atlas Mountains.
Mais on a commencé doucement avec le concert des Gengahr, un groupe anglais surtout connu pour le petit tube Fill My Gums With Blood. Pas inintéressant, mais ça ne laissera pas un souvenir impérissable au public qui s’est déplacé pour l’occasion.
Ensuite les très attendus Adult Jazz ont livré un concert efficace entre expérimentations précieuses, répétitions maîtrisées et envolées un peu pop, une sorte de Grizzly Bear du futur.
Les deux têtes d’affiche du festival ont quant à elles fait le minimum attendu. Le concert de François et les Atlas, stakhanovistes caution indie des festivals de l’été, est sans surprise, ils ont fait le boulot, sans éclat particulier, si ce n’est qu’ils ont invité les anglais d’Adult Jazz a monter sur scène à la fin pour terminer leur concert.
L’autre tête d’affiche, Panda Bear a fait du Panda Bear, c’est à dire une superposition de sons pour créer des vagues et pour faire des montées psychédéliques. Tout seul sur la scène, devant un écran où passaient des images vaguement ésotériques, il a terminé la première soirée en faisant danser doucement le public qui avait répondu présent (presque complet à vue de nez).
Interlude, l’après midi on se retrouve sous un soleil de l’enfer sur le toit de la Villa Noailles pour un concert très privé des Ménage à Trois. Sur la pelouse, il y a deux gars aux synthés et un chanteur avec un poncho (courageux au vu de la température cet après midi là)
La musique jouée est une sorte de blues digital, les soliloques et l’air très déprimé du chanteur renforçant bien le côté pas trop festif de l’ensemble. Mais l’initiative de ce concert un peu exclusif est parfaite, et la magie du lieu opère, on se laisse bercer par les plaintes du gars et par son émotion à fleur de peau.
Le deuxième soir, avec Eyedress, Jon Wizards, Childhood, mais surtout Real Lies et Francis Lung que j’attendais le plus ce soir. Eyedress ayant déclaré forfait pour cause de problème de visa, il est remplacé (pour le meilleur) par le régional de l’étape Johnny Hawai et sa pop instrumentale rêveuse et gorgée de reverb.
Juste après c’est le mancunien Francis Lung qui lui succède sur scène. Après une prestation en solo par vraiment inoubliable l’an passé, on sentait un potentiel, mais il s’est liquéfié au fur et à mesure que son set avançait.
Cette année, rien à voir, il est de retour avec un groupe complet, et il semble dans de bien meilleures dispositions. L’ensemble fonctionne bien et le concert de Francis Lung est un des très bons moments de cette édition du MIDI. On en reparlera très bientôt d’ailleurs.
Ensuite le groupe originaire d’Afrique du Sud, Jon Wizards arrive sur scène. Là je suis un peu moins convaincu par leur pop afro FM, malgré l’énergie du chanteur (qui tranchait bien avec l’apathie des autres gars) et malgré quelques mélodies bien accrocheuses.
Real Lies était le deuxième groupe que je voulais voir ce soir là. Et je n’ai pas été déçu, amateurs d’ambiances solaires et lumineuses, passez votre chemin, ici on est dans le noir et la trucwave. Le contraste est bien sûr saisissant après Jon Wizards.
Mais le concert des joyeux lurons est un très bon moment de lumière bleutée et de sonorités des années 80. Pour terminer cette édition du MIDI, on a les très 90’s Childhood, qui réussissent à encore moins m’intéresser que François et les Montagnes, mais en musique de fond pour philosopher ou pour faire des interviews de festivaliers, c’est complètement parfait.
Au final, une édition un peu inégale, un peu bancale par moment, mais contrairement à la foule des festivals, il y a un cachet très particulier au MIDI. Même dans les moments les plus faibles, on ne s’ennuie jamais et le plaisir de la découverte est toujours là. Le festival est encore un défricheur et sa réduction de voilure ne semble pas avoir entamé sa soif de découverte ; j’oserai même ajouter que cette réduction a été un mal pour un bien, pour un retour à ses valeurs originelles et à sa dimension idéale, un petit festival curieux et sans concession.
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