Grossièrement affilié à l’aube des années 2000 au revival new yorkais et au dance rock (rappelez vous les insupportables Radio 4 et leur Dance to the Underground). Les Liars sont nés d’un malentendu. Groupe cascadeur, qui ne se chute pourtant quasiment jamais, le trio n’a, au fil d’une discographie aventureuse, jamais choisi la facilité.
Jouant souvent sur les contraintes techniques comme sur Drum’s not Dead qui plaçait la batterie au centre de leurs compositions. Les new-yorkais ont toujours donné l’impression qu’ils apprenaient à jouer tout en expérimentant. Avec des titres souvent nés par accident, ils sont ainsi devenus l’un des groupes les plus passionnants de ces dernières années.
Avec Mess, paru en 2014, le trio donnait pourtant l’impression de s’essouffler, à la limite de la caricature (comme sur le single poussif Mess on a Mission). Ce n »est pas étonnant peut être qu’Angus Andrew devienne ainsi le seul maître à bord de ce neuvième album, laissant ainsi ses deux anciens compagnons vaquer à d’autres occupations.
TFCF n’est donc plus l’œuvre d’un trio mais bel et bien d’une seule personne, à savoir son chanteur. Projet risqué donc, quand on connait les facultés inventives et l’apport technique attribué au guitariste Aaron Hemphill depuis les débuts du groupe ; on lui doit notamment l’invention du Moodswinger, une cithare électrique à douze cordes.
Et pourtant, dès la complainte de The Grand Delusional, on comprend vite qu’Angus n’était peut être pas seulement ce fou scénique incantatoire mais bel et bien celui qui détenait les clefs d’une musique hybride et singulière,où l’electronica côtoie la noise et le psychédélisme, et où l’étrange n’est jamais loin.
Intime, TFCF n’en oublie pas les titres accrocheurs (Staring to Zero et son groove imparable), et les formats plus pop comme sur No Help Pamphlet et sa guitare foutraque et l’entêtant No Tree No Branch. On constate plutôt ce qu’Angus a appris au fil de ses quinze années de carrière : Le virage électronique entamée sur WIXIW (Face to Face with my Face), les rythmiques folles de Drum’s not Dead (l’infernal Coins in My Caged Fist), l’utilisation des motifs répétitifs de Mess (le robotique Cred Woes ) se retrouvent ainsi éparpillé tout au long d’un album plein de surprises et d’enthousiasme créatif.
Maintenant libérés de toutes contraintes de groupe, Liars vient peut être bien de sortir son meilleur album depuis Sisterworld, et Angus Andrew s’offre avec lui, une belle échappée en solitaire, salvatrice et inspirée.
LIARS – TFCF (Mute)