Il y a quatre-cinq ans, un spectacle si France Interesque et Téléramesque, si semblant fait pour ces gens qui ne mettent que des vêtements dans des couleurs en -âsse et arborent Le Monde dans la poche de leur veste dès 14h m’aurait fait fuir…
Seulement, j’ai du vieillir: Si je ne prévois toujours pas mes vacances six mois à l’avance ni épargne pour la retraite, je suis déjà levée depuis longtemps le samedi matin quand passe l’émission de Jean-Claude Amesein et ai déjà eu rendez-vous « à l’heure du thé »… Alors, quand François Morel débarque avec un spectacle qui traite du temps qui passe, je commence à me sentir concernée.
Et puis, j’aime bien que l’on me raconte des histoires, surtout quand on y met de la fantaisie, de la poésie et de l’humour. Et pour ça, Morel est franchement doué. Alors, bon an, mal an, je me suis laissée prendre par cette prédication un rien goguenarde, un rien mélancolique. « La fin du monde est pour dimanche » – dimanche étant entendu comme la fin de la vie… En attendant, profitons ! De quoi ? Ça c’est moins facile à dire…
François Morel n’aspire pas à nous donner de réponse – pose t-il d’ailleurs vraiment la question ? En fait, en réunissant pour la scène des textes originellement écrits pour la radio, il questionne ici le temps qui passe au travers de multiples saynètes aussi mélancoliques que jubilatoires. Pas de Carpe diem assené mais des constats sur les années qui filent, une galerie de personnages qui font le bilan de leurs vies et partagent leurs rêves et leurs désillusions.
Plus que drôle, c’est avant tout tendre et sensible, emprunt d’une humanité sans pathos. François Morel incarne avec cette empathie et cette générosité qui lui sont si particulières des personnages aussi variés que cette fan de Sheila, seule et un peu alcoolique, ce comédien qui n’a jamais percé ou cet homme qui a vécu la passion avec une huître…
Si l’on peut regretter une scénographie certes imaginative mais désuète et un peu cheap, on passe outre car les textes sont non seulement finement écrits mais aussi élégamment interprétés. Il y a en effet quelque de chose de gracieux chez Morel, lui qui s’est pourtant toujours donné un certain plaisir à incarner la classe populaire. En cela, il étonne et séduit. Il fait partager au public le plaisir qu’il éprouve à se retrouver sur scène et à conter ses histoires aussi absurdes que tendres.
C’est toujours agréable de passer la soirée avec un homme cultivé et sensible, non ? Alors prévoyez un détour par la Pépinière Théâtre avant la fin du monde ou du moins avant le 22 juin!
Du 18 avril au 22 juin 2013
Du Mardi au Samedi à 21h – matinée Samedi à 18h
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avec François Morel mise en scène Benjamin Guillard texte de François Morel |