Après un an d’absence volontaire, le petit festival breton qui monte, Visions, est de retour. Ils ont trouvé un nouvel endroit, plus beau et plus spacieux pour accueillir pendant un weekend leurs musiciens favoris. Si vous voulez toute l’histoire de l’organisation, on en a parlé ici avec Guillaume le programmateur/GO de ces trois jours dans le Finistère Nord.
Forcément l’arrivée sur le site est assez saisissante, jugez un peu, un front de mer à 360 degrés, un fort majestueux et une scène juste devant tout ça. Même un groupe pas très bon ferait le concert du siècle dans cet endroit (on peut faire une pétition pour les Pirouettes, ou un plan percu gesticulations avec Savages).
Ah et aussi, le camping est très très beau, bien qu’un peu en pente, mais la vue sur la mer est bien appréciable. Une petite rageuse (probablement hygiéniste) s’est plainte des douches, mais faut pas attendre la salle de bain d’Ozymandias dans un petit festival, ça va y a la mer à côté hein.
La première journée commence sous un soleil radieux, avec les régionales d’Avenir et leur rock expérimental qui se marie parfaitement avec l’ambiance particulière des débuts de festivals.
Je recommande particulièrement leur disque Nous sommes les filles du lycée de Brest pour avoir une (petite) idée de leur musique.
De très chouettes découvertes et redécouvertes ont éclairé cette première journée, Yeti Lane au soleil couchant, avec un concert qui reprenait une bonne partie de leur très bon et assez injustement méconnu dernier album. Le groupe parfait pour dire au revoir au soleil.
Aluk Todolo, les doomeux français, ont électrisé le public avec leur concert bien efficace éclairé par une grosse ampoule, spectacle saisissant qui illustrait parfaitement leur musique âpre et hypnotique.
Je pense être resté un bon moment sans bouger l’appareil photo dans le main, juste concentré sur les variations subtiles (et oui) de leur musique. On peut parler de voyage sonique mental qui a duré tout leur set et qui m’a laissé un souvenir ému tout le reste du festival.
A retenir également les bons popeux de The Oscillation, qui ont continué dans la veine guitares costaudes et psychédélisme énergique de la scène du front de mer. Pas la révolution mais un bon moment de rock planant, et de la batterie frénétique
Après je n’avais plus de batterie, pour résumer c’était de l’électro de belle facture, avec des machines avec plein de fils.
Le deuxième jour, il n’y a pas du tout de baisse de régime, bien au contraire avec des concerts qui s’enchaînent dès le début d’après midi, (très bien) accompagnés d’ateliers et d’activités jeune public et de séances de cinéma expérimentales. Il faut dire que ça avait bien commencé, avec le meilleur brunch de festival du monde, en tout cas le plus roboratif : baked beans, œuf, bacon, etc… (de quoi tenir 10 jours de teknival). Et puis la magnifique plage, spot idéal pour boire du rosé au soleil, les fesses dans le sable, et les yeux fixés sur le large (si si) ; le spot idéal aussi pour se préparer au marathon sonique de la journée.
Ce parcours plein de sons (de soleil) et d’images a commencé par un gars tout seul, Descendeur qui est avec ses pédales d’effets et ses machines dans une petite tente qui fait face à un public qui se laisse aller à la douce torpeur d’un après midi super estival du Finistère nord. Ses boucles et ses créations sonores triturées bercent doucement les gens, qui, malgré le soleil qui commence à taper fort, restent devant l’étrange spectacle proposé.
Dans cette après midi, pour continuer dans l’étrangeté, on ne peut pas passer sous silence le show un petit peu gênant de Antoine Garrec, visiblement inspiré par le beau bizarre de Christophe. Pas très facile à regarder et à écouter, mais certaines fulgurances laissent entrevoir des lendemains radieux (enfin si le côté gênant s’absente).
On a pu aussi voir le concert du DJ sensation rock Marietta, mais en raison de la chaleur, on ne sait pas trop si c’était bien (c’était une bonne répète en tout cas).
Pour clôturer cette après midi bien remplie, les concerts d’Areva tout en moues et en mouvements de têtes et le set inoxydable de Robert le Magnifique qui nous a fait retourner dans les douces années 2000 au Chantier.
La soirée a véritablement commencé avec le concert bien hypnotique des régionaux de l’étape, Dale Cooper Quartet And The Dictaphones bonne mise en jambe pour les enchaînements et les grands écarts à venir.
La disco électro planante de Black Devil Disco Club, le vétéran vêtu d’une chemise du meilleur effet à fait danser le public depuis son synthé et ses machines.
Enfin la palme de la folie va sans conteste à la performance hallucinée de Bernardino Femmilnielli déguisé en cow boy angélique puis en satyre de celluloïd qui a fait se déhancher le public du samedi ; avec notamment une belle invasion dansante et hédoniste de la scène par son fan club.
En parlant encore de machines, il y a aussi l’étrange musique (pas facile) de Rien Virgule, qui en a laissé plus d’un sur les rotules, indifférent (ou sur le cul, selon l’état de fatigue et de clarté cognitive).
Au final, ces deux jours à Plougonvelin ont été un moment de musique rare, on en revient avec des couleurs, des belles rencontres, des tonnes de trucs à écouter pendant les mois à venir. Et surtout, on a bien hâte d’être à l’année prochaine !