Dorothée Tavernier – « Quand je serai grande, je serai grande » au Théâtre Côté Cour

Elle a un air à jouer le rôle principal dans un biopic de Barbara, mais c’est sa vie qu’elle raconte sur la scène du Théâtre Côté Cour.

Si Dorothée Tavernier n’est pas la « fille de… » , elle n’en est pas moins une cinéaste avertie et c’est à travers les films qu’elle s’invente une réalité, en tout cas quelque chose d’autre que ce à quoi ses parents, bourgeois de province, l’auraient prédestinée.

Sur la base de son propre texte et empruntant des dialogues de films souvent cultes, la jeune femme donne livre, de manière originale, la chronique maline de la vie d’une trentenaire qui ne veut pas rentrer dans les cases et travaille à être heureuse bien plus que pour payer son loyer. Et la tache n’en est pas moins difficile, surtout quand, comme elle, comme beaucoup dans notre génération, nous avons œuvré, enfants, à être conformes et que l’on se rend compte que ce n’est pas du tout ce à quoi on aspire.

A travers une savoureuse galerie de personnages- sa mère faussement émancipée, son oncle autoritaire, d’un Jules erreur de casting complète ou encore sa patronne qui tient une boutique de fringues, elle dresse le portrait de tous ceux qui constituent face à elle un mur d’incompréhension. Pas de boulot fixe, pas maquée? Ils ne sont tous incapables de saisir ses aspirations à elle…

Si le spectacle souffre de quelques maladresses, il est, et c’est ce qui en reste, à la fois drôle et touchant. On sait gré à Dorothée Tavernier de ne pas avoir froid aux yeux, d’oser camper des personnages vulgaires – sans l’être elle-même. On aime sa sincérité, sa manière de se donner à fond, sans fausse pudeur, de trouver les mots justes pour dire avec l’autodérision et l’autoréflexivité nécessaires ce que c’est d’être une jeune qui a du mal à choisir entre rêves et réalité – et le doit-elle vraiment?

Son parti pris cinématographique n’est pas le prétexte à un simple exercice de style car elle met les dialogues qu’elle emprunte à son service avec beaucoup d’acuité.

D’aucuns diront qu’il s’agit là d’un énième opus sur la crise de la trentaine. Peut-être. Seulement Dorothée Tavernier a autrement plus de finesse qu’un Kyan Khojandi et impose un regard atypique sur ce ressenti d’être encore un ado quand bien même ça fait plus de dix ans qu’on est censé ne plus en être un…

Voilà un spectacle intelligent, décalé et souvent émouvant qui révèle (pardon je n’ai pas la télé…) une comédienne pleine de talents.

 

Quand je serai grande, je serai grande

au théâtre Côté Cour les vendredis et samedis à 21h et dimanches à 16h jusqu’au 24 février

Distribution :
De et avec Dorothée Tavernier
Mise en scène de Philippe Lelievre

 

 

 

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