Le MaMA, on en a un peu parlé ici, c’est un festival de musique qui a une programmation de concerts classiques mais aussi des conférences réservés aux rencontres entre professionnels de la musique. Pendant deux jours, j’ai testé quelques concerts dispersés sur le quartier de Pigalle, entre grandes salles historiques et bars participants à l’événement. J’ai choisi sur ces deux jours, des artistes assez jeunes ou que j’étais curieux de voir ou de revoir.
La quête de la musique parfaite du jeudi commence dans le pire pub de Paris, le pire parce que c’est une franchise, et aussi parce que le cadre est plus propice à de la dance impersonnelle et à des chants de tribune de rugby qu’à de la pop soignée. Pourtant les trois filles et le gars de Juniore sont bien là, prêts à jouer leur mélange de surf music 60’s et de chanson pop yéyé. Le groupe est donc la création de la chanteuse, Anna Jean. Trouver des infos dur le groupe revient à chercher le yeti (leur présence sur les réseaux est assez anecdotique), mais la promesse de surf et de jolies chansons m’a fait venir. Ils sont installés sur la petite scène du bar, les filles ont de jolies robes chasubles (je crois que ça s’appelle comme ça) et le gars à la batterie une magnifique barbe. A revoir, donc.
Je quitte les revivalistes 60’s et je me dirige vers la Boule Noire pour la suite du programme. Non sans m’arrêter deux fois, une première pour siroter une bière en regardant la fin du showcase de Jésus Christ Fashion Barbe pour les guitares et une deuxième fois pour la fin du set de Syracuse pour avoir une petite dose de synthés et de look de prédateur sexuel.
A la boule noire, le temps de m’asseoir enfin un peu, oui, le MaMA est un événement pour les randonneurs, je regrette presque de ne pas être passé à Décathlon avant la soirée.
Sur la scène, un pupitre avec des machines, tout est prêt pour le concert d’Andrea Balency. Pour résumer la prestation, un début pas facile avec des hululements accompagnés par une bouillie de leads. On comprend bien que la dame a une voix et veut l’utiliser à pleine puissance, jurisprudence projet en gestation avec chanteuse de caractère ou Castafiorisation en règle ? Je n’ai pas de réponse, mais vous verrez que Andrea Balency n’a pas été la seule à en faire des caisses pendant ces deux jours (et elle est très loin d’être la pire).
Du coup la première partie du set est assez pénible. Mais vers la fin lorsqu’elle joue son « tube » et une autre chanson, on se rapproche un peu plus des productions de Aluna George et de FKA Twigs (toutes proportions gardées hein). Le concert se termine donc bien mieux qu’il n’a commencé, on peut se dire que l’artiste sera à revoir après avoir rodé et défini une direction.
La suite ce sont les retrouvailles avec notre chouchou Kid Francescoli, dont j’avais beaucoup aimé le dernier album. Il n’est plus seul en live, là il est accompagné d’un batteur et de la fameuse Julia (celle du disque).
La formule est au point, les deux voix se répondent, on retrouve l’album, les morceaux sont toujours aussi agréables et l’ajout de la batterie leur donne un peu plus de force. Le kid reste très concentré sur les machines. Son associée Julia danse, joue des percussions et du synthé avec un air concerné.
Le duo fonctionne très bien et on retrouve le côté hypnotique et entraînant du disque. Et cerise sur le gâteau certains morceaux ont été adaptés pour le live, étirés et enrichis par de nouveaux sons. Et bien sûr, il finit le concert avec Blow Up, tube parfait et super efficace, qui semble aussi fait sur mesure pour des pubs pour des voitures hybrides ou des solutions de financement en ligne à en juger par le nombre de « créatifs » présents dans la salle. Les 40 minutes de concert sont bien courtes, et on les laisse partir presque à regret tant on aurait aimé un peu plus de musique.
Les derniers de la soirée ce sont les Tristesse Contemporaine déjà vus et bien appréciés l’été passé à Visions. Le show est toujours très au point, le chanteur a toujours son masque de lapin qui fait peur. Mais la fatigue me fait partir de la salle (enfin c’est ce que je croyais), et de toute façon je suis sur le pont demain pour d’autres concerts.
Le deuxième jour commence par un briefing dans un pub avec en fond un groupe hollandais qui fait un genre de postpunk/rock/pop assez générique mais plutôt mieux fichu que leurs compagnons de galère français.
Puis direction la magnifique salle du Divan du Monde, pour la soirée A Gauche de la Lune, avec une programmation qu’on peut qualifier de très étonnante après coup, parce que un peu fourre-tout.
Les premiers au charbon ce sont les nantais de Disco Anti Napoléon (ouais c’est un putain de nom) qui ambiancent tout de suite la petite salle avec leurs gros riffs et leurs mélodies hypnotiques. On sent qu’ils n’ont pas choisi de style vraiment défini, entre petites ambitions pop, attitude rock bien peigné et gros gros clins d’œil au krautrock (ce qui est la partie la plus intéressante à voir en concert). Une mise en bouche sonique pour bien commencer la soirée.
Ensuite c’est au tour de la chanteuse française Marie Flore, dont j’avais chroniqué le très cool album il y a peu. Je suis assez curieux de voir ce que la dame va donner sur scène, d’autant que sur disque, sa pop plutôt subtile m’avait bien plu. Au niveau subtilité ce soir ça commence plutôt mal, le bassiste est un cliché de requin de studio tendance variété lourdingue, pour faire bonne mesure il y a aussi une fille très agitée qui fait la guitare et le synthé. Du concert je n’ai pas retenu grand-chose, à part beaucoup de minaudage, une ou deux jolies chansons et finalement une semi déception. Ah et aussi quelques moments surréalistes avec les deux premiers rangs du concert uniquement composés de collègues photographes, l’attrait des boucles blondes, sans doute; ce qui a fait de Marie Flore, l’artiste la plus photographiée des soirées. Et pourtant le concert n’était pas vraiment à la hauteur des espoirs entretenus par les productions de la dame.
Le clou de la soirée a été sans conteste les anglais 90’s de Lonely The Brave. Devant la salle presque vide, tout le monde étant parti après Marie Flore, les gars font le show.
Le chanteur est un peu étrange, archétype de l’inconfort social avec la voix du chanteur de Pearl Jam, il se tient en permanence derrière son avant-garde. Une avant-garde composée de deux guitaristes et d’un bassiste qui recyclent parfaitement toutes les poses à la cool du hardcore, jouer les jambes écartées, grimacer quand on joue une note, etc. Leur musique est une sorte de mashup de rock FM, avec des relents 90’s un peu grunge, et une attitude de punk hardcore. En gros tous les ingrédients pour finir parfaitement une série de concerts, vous trouvez pas ?
Une petite galerie pour résumer tout ça