Contrairement à ce que son nom pourrait laisser supposer « La Percée » n’est pas le premier album de Verone. Il n’en reste pas moins que ce troisième opus pourra être une révélation pour beaucoup et une consécration pour le duo. Foisonnant et protéiforme, ce disque impose Verone parmi les grands de la chanson française. Pas de ceux qui réunissent les foules autour d’un tube calibré FM, entendons-nous bien, mais bien ceux qui osent, inventent, hybrident fascinent. Sans jamais pouvoir comparer, on pense à Dominique A, Manset, Christophe, Françoise Breut, Holden mais aussi Souchon… L’inspiration folk-americana n’est jamais très loin et s’incarne joliment dans des ballades boisées et primales (La Vallée ou Izenah)- ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Sammy Decoster figure au casting des invités.
Organique. C’est le premier mot qui vient à l’esprit à l’écoute. Brut sans être brutal, « La Percée » invente un univers musical atypique qui, dans la lenteur et la mélancolie ou au rythme d’un cavalcade, va droit à l’âme et nous fait vibrer.
Malgré la variété des titres, je ne peux m’empêcher de considérer « Une percée » comme un tout: c’est paysage qui varie au fil des changements de lumière diurnes et des émotions de ceux qui le traversent. C’est peut-être pour cela qu’on l’on a perpétuellement l’impression de le redécouvrir. L’étrange et singulière voix de Fabien Guidollet, troubadour de la bizarrerie, la dentelle des cordes, les arrangements subtils et aériens , les rares et retenues envolées lyriques, le soin porté aux moindres détails animent ce décor folk-sensible mouvant. Nous en sommes les visiteurs captivés, émerveillés et sans cesse surpris. La profondeur de Verone ne rime jamais avec lourdeur, son audace et son ambition ne flirtent jamais avec une quelconque vanité.
Et pourtant, si un certain onirisme est omniprésent, Verone n’hésite pas à se tourner vers des thématiques très terre à terre (Fish Pédicure) ou difficiles – la vieillesse (Mamie, Vieille peau), la dépression (Fêlée Mon Gars Ta Coque)… Toujours, l’émotion affleure, non sans une pointe d’humour et des jeux prosodiques.
Avec Verone, le bizarre est beau, sinon somptueux et l’épure est d’un infini raffinement. « La percée » , disque en suspension, « insulaire », loin de modes éphémères, est sans doute l’un des meilleures surprises de cet automne du côté hexagonal.
Verone sera en concert le 9 octobre 2013 aux Trois Baudets
[…] a beaucoup aimé le dernier CD de Vérone. Un grand plaisir de (re)découvrir leur folk surréaliste sur scène ! Grand plaisir également […]