Début décembre à Rennes, les décorations commencent à pointer le bout de leur nez. Les températures baissent, la consommation d’alcool et de substance plus ou moins licite monte en flèche, un hasard ? Probablement pas. Puisque les passionnés de musique affluent pour les Trans Musicales de Rennes, aka le plus long weekend musical de l’année (au moins) avec plus d’une vingtaine de concerts par jour sur différents sites dans toute la ville .
Cette année, on a fait deux jours au festival comme d’habitude, dans la chaleur du parc des expositions. Deux jours d’errance, les yeux fixés sur la grille des concerts dans les grands halls surchauffés, en slalomant entre les zombies qui traînent entre les bars.
La Member Berry du weekend #1
On a vu les tout jeunes The Jacques. Ce n’est pas le groupe qui va révolutionner le monde, ni proposer quelque chose de radicalement nouveau. Les petits jeunes (très) de Bristol ont très probablement un avenir dans la niche des clones réussis des Arctic Monkeys. Leur prestation est parfaite avec des tonalités (très) familières qui ont un côté plutôt rassurant au milieu de la masse de groupes vus le vendredi soir.
Le groupe est bien entendu très référencé, et ça ressemble assez souvent à une chouette répétition avec plein de petites approximations. Le groupe devrait bien marcher outre manche et créer des vocations chez les sans idées dans nos contrées.
La Member Berry du weekend #2
Les Nova Twins, le duo de filles juste assez lookées pour déchaîner les passions de blogueuses modes post apo, qui font de la musique ultra référencée. Là encore, si on ferme les yeux pendant leur prestation, on se demande si on n’est pas revenu en 1998 dans la maison de quartier de Villejean pendant un concert de Urban Dance Squad.
La nostalgie des années 90/2000 marche à fond pendant le concert, qui ce ferait presque regretter la grande époque de la fusion. Les deux (fausses, hein) sœurs jumelles alternent avec brio les styles de chant entre rap et furie punk, il y a aussi des grosses basses qui décoiffent et une vraie énergie. On pourrait parler d’un audacieux mélange entre le grime anglais et les sonorités punkofusionrock des très vénérables Skunk Anansie. Bon moment pour un retour en musique dans un passé pas si lointain en tout cas.
Le moment régionaliste dansant du weekend
Les auvergnats hypnotiques de Super Parquet ont livré une prestation étonnante dans le petit hall 3. Sur le papier leur projet musical est très étonnant, le parti pris de faire de la musique traditionnelle auvergnate, avec une cabrette () et une vielle, en modernisant le propos en ajoutant des machines et un banjo.
En vrai, c’est un très beau moment, la musique traditionnelle répétitive se marie parfaitement aux montées psychédéliques et aux sonorités synthétiques. Si vous voulez une idée du truc, allez écouter le morceau génial des Chemical Brothers, Private Psychedelic Reel, qui clôture leur deuxième album.
Pour info
Le public réagit au quart de tour à la musique (probablement un effet de l’acculturation au fest nozs). En tout cas, l’ambiance est là et l’audience est captivée (hypnotisée, je vous le dis) par le quatuor, qui est visiblement très heureux d’être là. Un concert comme on aime les voir aux Trans, qui ne ressemble à rien de déjà vu et qui ravit notre soif de découvertes.
Le moment gênant (presque gênant quoi)
L’équipe de football islandaise Reykjavíkurdætur sur la scène du hall 8 ont donné un concert assez étrange. On sent bien qu’elles ont un message à faire passer, la publicité parle de féminisme, elle parle d’engagement militant, du pain béni pour la communication, je me trompe peut être mais le fait de porter un sex toy et d’être une dizaine à crier sur scène ne porte aucune cause, et ne transmet aucun message particulier, à part de l’affichage et un gimmick marketing assez pénible.
Et la musique me direz-vous ? En fait de flows percussifs (sic) et de beats malins (sic), on a du hiphop générique inaudible et un bazar sans nom sur la scène, tout le monde chante en même temps et on n’entend rien, on peut même se demander si ça vaut le coup de s’y mettre à autant pour pondre un truc pareil.
(pendant Reykjavíkurdætur)
Sinon, aussi, on a vu des collectifs survoltés et créatifs, comme le gang génial de Soweto, BCUC ; qui font le pont entre une myriade d’influences. Nino De Elche, des espagnols qui transfigurent les codes du flamenco qu’on pensait figés à jamais. Colorado qui essaie de faire croire qu’ils ont réinventé le pétrole et l’électricité en faisant des gros sons de synthé comme M83 mais en pire et sans aucune mélodie (après 5 pintes ça doit passer, cependant, et encore). , Tiggs Da Author, un anglais qui fait de la nouvelle soul accompagné d’un orchestre de requins. The Barberettes, un girl band coréen spécialisé dans les reprises délicieusement surannées qui ont fait danser le hall 8. Cabo San Roque et leur installation percussive délirante….
L’autre plaisir des Transmusicales, c’est de flâner au gré du vent à la rencontre de groupes sur lesquels on n’aurait jamais porté notre regard, de quoi aiguiser nos oreilles pour l’année à venir, en attendant la prochaine dose de découverte en décembre prochain.
Photos par le formidable Alan Kerloch’ du non moins formidable Webzine Tendancieux et Indépendant My Cat is Yellow.
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