Après leur premier album Innerspeaker, petite torpille de pop psychédélique bien rodée, Tame Imapala revient deux années plus tard, toujours chez Modular Recordings, avec un album plus médité. D’une manière générale, sur les premiers albums de nouveaux groupes on ressent parfois quelques chansons qui testent un peu les limites du genre, pour finir par être mises de côté dans les compositions suivantes (certains groupes, à force de peaufinages, perdent leur essence : Best Coast?). C’est un peu ce qui pouvait être appréhendé avec Tame Impala, et c’est ce qu’ils ont évité. Alors que Innerspeaker proposait des titres à refrains, Lonerism est plus déstructuré, plus décomplexé, plus pur. Leur son est souple, tourbillonnant, exploré, bourré de synthés, à tel point que les compositions font parfois penser à un sous genre de prog rock qui tirerait vers de la pop planante. Tame Impala rendent une sorte d’hommage au psychédélisme, à la sauce moderne.
L’album débute sur des boucles de chuchotements, et une bonne dose de reverb, qui annoncent une excursion chatoyante d’entrée de jeu. Les chansons déroulent en suivant l’histoire que Kevin Parker vient raconter. Toujours dans l’introspection, il nous fait traverser une soirée, la nuit, et les exaltations et angoisses qu’elles suscitent, au plus profond de chacun. Des enregistrements bruts, et des conversations volées (Nothing That Has Happened So Far Has Been Anything We Could Control) viennent ponctuer une musique de substance qui enveloppe et réchauffe. Des titres comme « Endors-toi » et « Apocalypse Dream » sont plus aventureux, plus lourds et enrichissent cette quête spirituelle qui semble passer par quelques ébranlements. Alors que des morceaux plus frais, Mind Mischief, Why Won’t They Talk To Me? allègent et transportent simplement ailleurs. Parker a parfois un air de Craig Nichols, discipliné, dans sa voix, mais c’est peut-être là une « Australian touch » encore floue (plus ressentie sur Innerspeaker d’ailleurs). En résumé, le disque pourrait être la bande originale d’une soirée d’ivresse dont le point d’extase serait Elephant. Plus rock, le titre fait même penser à un mélange de Wolfmother (voire Led Zeppelin, revenons aux sources) et de Justice. Placé en neuvième position, il est la petite bouchée qui réveille l’écoute. Enfin, le récit se termine au levé du jour, Sun’s Coming Up clôt en légèreté un album bouillonnant qui a par bonheur évité le polissage.
Tame Impala – Lonerism (Modular Recordings)