Un petit voyage en avion au calme, sans musique, pour bien se préparer au weekend. Le festival Supersonic, pèlerinage annuel au cœur de l’automne dans le centre de l’Angleterre.
Le temps de passer à la fouille et à l’entrée du site, The Custard Factory, une vieille usine désaffectée non loin du centre-ville et de ses multiples centres commerciaux. Dans la première salle ce sont les régionaux de l’étape de Modified Toy Orchestra qui distraient le public présent. Entourés de leurs jouets chimériques vaguement effrayants, les cinq gars en costume font un mélange ludique de kraut et d’electronica pointue. Une sorte de Kraftwerk un rétro moderne. Le groupe vaut surtout pour ses lives endiablés et caractérisés par une bonne humeur et une créativité à toute épreuve, mais pour vous faire une idée :
Après la course aux jouets, on reste dans le thème ludique avec l’installation Vinyl Rally qui nous a quand même laissés un peu perplexes.
Imaginez un circuit pour voitures RC composé uniquement de centaines des vinyles, les voitures sont chacune équipées d’une caméra, d’une pointe de lecture, et d’un dispositif sans fil de transmission du son. Elles sont dirigées depuis un poste de pilotage avec des molettes pour régler le son. Le résultat ? Du bruit, des voitures les quatre roues en l’air parce que ce n’est pas facile de conduire, de gérer le son et d’avoir une bière dans la main en même temps.
Je poursuis mon tour du festival, dans une autre salle, un type habillé en short, avec un chapeau de fourrure et un ticheurte jaune semble émettre des sons difficilement supportables pour les êtres humains sans protection auditive. Sur la scène le berlinois Kakawaka nous livre un récital noise pour le délice des amateurs de bruit blanc. Mais attention, le monsieur venant de Berlin, il ne fait pas du bruit blanc avec un laptop ou une guitare préparée, mais avec une fourchette.
Oui, une fourchette comme celle que ton papa ou ton frangin utilise pour les barbecues en famille (tu sais bien, ceux que tu voudras organiser quand tu seras grand et que tu auras un break).
Ce n’est pas tout à fait ta fourchette de tous les jours, elle est préparée, avec des micros et des capteurs apparemment et Kakawaka la triture, il la mord, danse avec et la frappe avec une énergie qui fait plaisir à voir (et à entendre au vu de la mine réjouie de l’audience).
Entre deux déluges soniques, il gonfle des ballons de baudruche pour les jeter soudainement sur le public. Si la performance est amusante, le côté pantalonnade devient vite lassant et nous quittons les lieux pour aller visiter une autre des salles du complexe Super Sonic (oui, une usine désaffectée c’est presque aussi grand qu’un hall d’aéroport des Trans, c’est là aussi le bonheur de la balade musicale).
Les fans de jouets ont laissé la place au groupe de post hardcore (pour faire simple) Hey Colossus, qui commencent juste à ambiancer la salle quand on arrive.
Le chanteur s’époumone, sur des drones très lourds, l’énergie de l’ensemble est assez saisissante, et les gars mettent du cœur à l’ouvrage. Du psychédélisme brutal, avec du synthé analogique qui buzze fort, de la grosse reverb et des passages distordu pleins de fureur. Les chansons sont brèves, tout est dit en quelques riffs, en quelques hurlements, noyés sous un feedback permanent. On sort du concert, un peu essouflés, étourdis par tant d’énergie dévastatrice (mais le pire mieux est à venir, voir la chronique du Day Two).
Sur l’autre scène, il y a JK Flesh, oui Justin K. Broadrick, le gars de Techno Animal (et de Godflesh d’ailleurs), tout seul sur scène avec son laptop, sa guitare, et ses fans hardcore.
Le style ? Je dirais une sorte de dub avec des beats électroniques, des basses profondes, des delays bien longs ; le tout mélangé avec des riffs de guitare et des éléments de noise (samples de cuivres, voix distordues, samples de radio).L’ensemble est assez brutal et très bruyant, donc assez fascinant, le gars est en plus encapuchonné comme un geôlier de Game of Thrones, et a bien le physique de l’emploi.
Une vidéo pour illustrer ce que j’ai vu, parce qu’une image qui bouge c’est toujours bien. Le concert n’est pas trop désagréable malgré la fatigue qui commence un peu à se faire sentir.
Pour finir la soirée, on assiste, un peu déçus à la prestation pathétique de Sensational, MC des mythiques Jungle Brothers, qui devait se produire avec un DJ Japonais, habitué du festival, connu ici sous le nom de DJ Scotch Egg. Visiblement Sensational avait un peu forcé sur l’apéro, et en fait de concert, on a eu droit à des heures des blabla, à des séances d’essayage de ticheurte, à des dialogues de bourrés avec les premiers rangs du public.
Après 30 minutes de n’importe quoi, on laisse tomber et on se dirige vers la sortie, repus d’avoir assisté à autant de concerts pour un premier soir, et un petit peu lassés d’avoir assisté à la très pénible pantomime de fin.
Dehors, la ville frémit à l’approche du weekend, les rues sont peuplées de créatures étranges courtes vêtues, et de gars emmitouflés (ça change des festivals d’été).
Retour à l’hôtel. La suite du récit arrive.
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