Shackleton With Ernesto Tomasini ‎– Devotional Songs (Honest Jon’s Records – 2016)

Sam Shackleton, un natif du nord de l’Angleterre basé à Berlin depuis quelques années, est un des artistes les plus importants de cette décennie. Affilié à la scène dubstep à ses débuts via son label Skull Disco, il s’en est peu à peu détaché. Des titres comme Hypno Angel et Death is not Final parus au début de la vague dubstep restent inimités même plus de 7 ans après leur sortie (une éternité en musique de danse électronique où il faut compter les années comme on le fait pour les chats et chiens). Son premier album Three EPs sorti en 2009 marquait une étape importante dans la discographie de Shackleton en renforçant l’unique signature de sa musique, à la fois synthétique et organique, mentale et physique.
On sait très peu de chose sur les techniques de compositions employées par le monsieur, notamment pour ces rythmiques aux percussions complexes et précises. Sont-elles programmées ? Sont-elles samplées sur des vieux disques de musique du Moyen Orient ? Sont-elles jouées live ? Une recherche rapide sur Google ou une lecture des quelques interviews données par l’artiste pourrait sans doute nous amener une réponse. Mais en fait on préfère garder le mystère.
Son nouvel album est sorti il y quelques semaines sur le label Honest Jon’s Records, label associé à l’excellent disquaire du même nom situé dans l’ouest londonien. Ce disque donne une nouvelle direction dans l’œuvre de l’artiste. C’est un disque de collaboration. Tout d’abord avec le chanteur italien Ernesto Tomasini qui a un air de Klaus Nomi en moins terrifiant (je dois avouer qu’avoir vu Klaus Nomi a la TV a l’âge de huit ans m’a donné de nombreuses nuits de cauchemar). En plus de Tomasini, Shackleton est accompagné du vibraphoniste Raphael Meinart et du pianiste et accordéoniste Takumi Motokawa.
Le groupe a signé quatre longs titres de 8 à 13 minutes : des nappes ambiantes, des mélodies et motifs rythmiques rappelant Steve Reich et le gamelan d’Indonésie. Il y un côté rituel, presque religieux dans le chant répétitif. Parfois, comme le duo Raime, la musique de Shackleton s’approche du terrain doom metal expérimental de groupes comme Om ou Earth. Le meilleur morceau est sans doute le dernier ou le chant varie entre Ralf Hutter de Kraftwerk et opéra sur un fond d’électronique sonnant comme des chants de gorge avant qu’un accordéon tire-larme ne prenne le dessus.
En fait, Shackleton me rappelle Matt Elliot avec son fantastique et sous-estimé Third Eye Foundation qui à la fin des années 90 avait extirpé la drum and bass des pistes de danse pour la traîner dans une noise arabisante absolument terrifiante. Matt Elliot s’était ensuite rangé avec une série de disques de folk : Shackleton lui, ne semble pas être prêt à se caser.

Shackleton With Ernesto Tomasini ‎– Devotional Songs (Honest Jon’s Records – 2016)

 

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