C’est l’édition hiver, donc tout se passe dans la très chouette Nouvelle Vague sise à l’entrée de Saint-Malo. Ce qui est bien c’est qu’on sera au chaud, parce que habituellement la Route du Rock n’est pas vraiment associée à des concerts en salle, mais plutôt aux grands espaces et aux forteresses majestueuses du 17e/18e siècle.
En premier ce soir c’est la chanteuse d’origine Galloise Cate le Bon. Elle est notamment connue pour sa superbe collaboration avec Kevin Morby, sur le dernier album de ce dernier (on en parle ici). Elle est accompagnée de trois musiciens, bassiste, clavier/guitare et batteur, qui bizarrement se mettent d’un côté de la scène, et de l’autre côté la chanteur, leur fait face, seule, avec ses pédales et sa guitare. Ça a le mérite de mettre en valeur l’absence de jeu de scène de la dame. Mais ce n’est pas du tout pour ça qu’on l’aime bien, mais plutôt pour ses chansons équilibristes en pop et folk et pour sa voix doucement cristalline. Pour le coup pas de surprise pendant sa prestation ce soir, mais de bonnes chansons et un bon moment.
Les deuxièmes sur la liste des artistes de ce soir, ce sont les petits corbeaux de Londres de The KVB. La formule est épurée, des claviers et une boîte à rythme d’un côté avec une fille en noir qui fait la gueule, et de l’autre côté, avec plein de place (parce que c’est un fou) un type en noir qui fait la gueule avec sa guitare.
Avec ce genre de groupe, il y a deux types de prestation, celle où ils jouent leurs morceaux enregistrés, à la note près, sans prise de risque, sans débordement créatif ; et il y a aussi la version nihiliste, on est trop fous où ils massacrent leurs créations dans un délire sonique.
Là ce soir on est dans le premier cas, avec quelques variantes, je vais y revenir.
La recette est immuable (imparable ?), la fille lance des nappes de synthé, puis la boîte à rythme, et le gars joue de la guitare avec des larsen et des effets dans tous les sens, et puis chante de paroles tristes. Le tout pendant tout le concert.
Au point que par moment on peut se demander si ils ne devraient pas passer en formation one man band, une personne de plus pour envoyer des séquences c’est peut être trop (surtout que la fille ne fait pas grand chose de marquant).
Ces considérations à part, le concert est plutôt agréable, comme les morceaux ne sont pas massacrés on peut retrouver ce qu’on aime bien sur leurs disques du groupe. Et comme ce n’est pas trop long, on n’a pas le temps de trouver les stridences indoor de Klaus Von Barrel trop pénibles pour nos oreilles.
Troisièmes sur la liste, la valeureuse équipe de Leyton Orient, ah non il manque trop de monde. Troisièmes sur la liste des artistes de la soirée les Anglais punk mélodique, garage pop Eagulls ! Là on peut être sûr qu’il n’y aura pas de fioritures (et, accessoirement, que le concert ne durera pas trop longtemps).
En effet le concert est bien nerveux et déménage. Le chanteur se contorsionne, se déhanche et hulule dans son micro, le reste du groupe, bien en place jouent à fond, sans en rajouter. Comme chez leurs frères danois de Iceage, c’est la voix qui fait le show. Et le gars ne fait pas les choses à moitié, même si j’aurais aimé une dans comme le grand tout fou de Agent Side Grinder, mais on ne peut pas tout avoir.
Comme prévu, la prestation n’est pas très longue mais le public présent en a pris plein les oreilles, et du coup j’ai vraiment hâte d’entendre leur album à venir, qui serait à venir courant 2014.
Je décide d’arrêter là ma soirée et de m’enfuir en catimini, je n’avais pas envie de revoir Breton, et leur virage postpunk générique et encore moins de voir Jackson And His Computer Band faire du sous justice (c’est dire…).
Mais ma première fois à l’édition hiver de la Route du Rock a été un très bon moment, je pense que je vais revenir. En tout cas déjà cet été !