Route du Rock – édition hiver. Vendredi 27 février et samedi 28 février 2015

Route du rock hiver 28 février 2015-17

Cette année à la Nouvelle Vague, QG malouin indoor de la Route du Rock édition hiver, on oscillait entre plusieurs catégories (je me suis dit que j’allais faire des catégories pour résumer cette année). La première catégorie de groupe, serait celle qui aime les grosses guitares et la rage adolescente, toujours bien représenté sous ces latitudes, avec Meatbodies, Mourn, et dans une moindre mesure Naomi Punk. Une autre catégorie serait celle du sujet maîtrisé, toujours propre, sans trop de surprises, et semblable à ta paire de chaussons préférée, donc qui peut ennuyer un peu. Du coup là, je parle des kings des noughties Blonde Redhead, et des très (trop ?) propres Allah-Las. Et la dernière catégorie ? Hein ? C’est celui du n’importe quoi qui électrise les foules, qui fait un peu rire et qui donne envie de danser n’importe comment. On y  trouve  Ariel Pink et son opéra psyché baroque et les foufous de Deerhoof.

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Entre tout ça, il y a des trucs sans intérêt, qui multiplient les poses, et qui font beaucoup de gestes pour pas grand-chose.

La première soirée de cette nouvelle commence donc avec de la grosse guitare et des mèches blondes avec le trio américain de Naomi Punk.

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Naomi Punk

Pour un début en fanfare du weekend, c’est assez réussi, leur post punk roboratif réveile bien tout le monde. On sent que les gars ont passé beaucoup de temps dans leur cave pour préparer ces morceaux efficaces qu’ils nous présentent. Par moment des éclats mélodiques sur certains morceaux rappellent que les gars ne sont pas seulement des geeks noiseux des caves de Washington, tropisme régional oblige ? On ne peut s’empêcher de saisir par moment des inspirations Nirvanesques, ces mélodies posées sur une base de grosse guitare. On n’est pas encore tout à fait à Nevermind (allez réécouter tiens) mais les gars y ont sans doute un peu pensé.

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Il y avait aussi  les canadiens de Absolutely Free. Pas le concert du siècle, trois gars qui s’échangent des instruments pour faire une truc sonore insipide et sans personnalité, mais plein de poses. Au moins ça a permis de se reposer un peu avant Ariel Pink et les Allah-Las.

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Le Allahs-Las, parlons-en, ils sont bien sagement rangés sur la scène, un première ligne avec les guitares, et un deuxième plan avec le batteur et (OUI) un percussionniste avec des congas, instrument trop injustement absent des concerts des années 2000. Pour le reste les californiens ont déroulé, pas vraiment d’éclat, mais un enchaînement très propre et de belle facture des chansons du dernier album, et quelques perles du précédent. Je pense notamment à ma favorite personnelle Sandy ! Un moment plutôt agréable, mais qui n’aura pas vraiment déchainé les foules, le groupe ne faisant pas vraiment la montre d’un grand charisme.

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Puis la scène s’étant vidée, les looks changent ostensiblement, on y voit des chaussures à talon, des chapkas extravagantes, et des gilets brodés ; pas de toute Ariel Pink ne va pas tarder à jouer. L’installation semble durer des heures, avec des moments savoureux de dialogue de sourds entre le groupe et les techniciens. Notamment une trrrrès longue discussion sur le son d’un des synthés du groupe pas assez fort dans les retours (vu le nombre d’instruments sur la scène, dont un saxophone et une batterie avec DEUX grosses caisses, les retours doivent envoyer une bouillie infâme et s’y retrouver doit demander une acuité et une clairvoyance surhumaine).

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Ariel Pink, notre héros de la soirée, juché sur des talons de 15cm arpente la scène, apostrophe les techniciens, hoche la tête, et se fait la voix du groupe accompagné de son fidèle acolyte Tim Koh (vêtu d’un pyjama et d’un gilet brodé du meilleur effet). Dans le public, on oscille entre perplexité et sourires amusés (et selfies, aussi, on est en 2015 mec).

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Et quand ça commence enfin, on se retrouve dans un grand opera rock foutraque fourmillant de créativité et de folie. On peut penser très fort au Who de Tommy, aux acrobaties musicales de Franck Zappa. Le concert est un enchainement étourdissant de tableaux épiques, portés par la voix caractéristique du gars Ariel et sa folie communicative. Après ça, épuisé par tant d’émotions, l’étape suivante avec Grand Blanc et leurs reprises d’Axel Bauer semble être une marche trop haute. Et la fuite avec dans la tête des petits restes de mélodies ensoleillées reste l’option la plus logique.

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Le deuxième jour a commencé avec les très jeunes espagnoles de Mourn. Les filles et le garçon arrivent sur scène devant une salle encore peu garnie. Elles s’installent dans un silence assourdissant, on a une petite impression de malaise quand elles s’accordent, tout le monde est très attentif. Il faut dire que les filles sont précédées par une réputation sur l’internet plutôt impressionnante. Le petit groupe de Barcelone ont déjà eu les honneurs de plusieurs articles sur Pitchfork et consorts. Autant dire qu’ils sont attendus et que le public est dans l’expectative (ou alors ils sont là par hasard).

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On est assez rapidement rassurés, le groupe est très bon. Ils enchainent joyeusement toutes les chansons de leur (super) album. Des histoires de maladies infantiles, d’amours déçues. Une des chanteuses fait un petit speech avant chaque morceau, entre inconfort social et timidité en broken english. En bref c’est le début parfait pour la soirée, jamais décevantes, même si encore un peu maladroites, les jeunes ont bien animé le début de soirée. D’ailleurs allez donc écouter leur disque, pour vous faire une idée.

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La suite est une histoire de cheveux et de guitares, et de deux gars qui ont fait un groupe sans trop se partager les rôles, du coup tout le monde à le droit de se lancer dans des solos et de faire plein de bruit. Bien entendu vous avez reconnu les Meatbodies, qui sont venu donner une leçon de rock qui déménage à la salle qui continue à se remplir. Et ça a été très efficace et roboratif, si on avait peur de s’endormir après Mourn, nous voilà bien rassurés après la prestation des gars, et donc fin prêts pour le désordre sonique de Deerhoof.

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J’ai vu quelque part qu’un hebdomadaire culturel parle de secret bien gardé concernant Deerhoof, ouais les gars le groupe existe depuis plus de 20 ans quoi. Vingt ans de secret c’est long hein ! Mais pour les fanatiques d’avant pop foutraque le groupe est un grand nom, et les fans sont prêts à tout pour les voir à l’œuvre. Le live est un show sans temps morts, avec des morceaux tous plus énergiques les uns que les autres qui s’enchaînent rapidement. Leur musique ? Pour résumer c’est un mélange de Math rock, de noise et de mélodies plus pop. La chanteuse Satomi est une pile électrique, qui bouge dans tous les sens, et qui nous livre des chorégraphies du meilleur effet pendant que les autres jouent comme des furieux.

Moment chorégraphie

Deerhoof 300

(je débute en gif hein, pour la vraie mega pro du gif il faut aller par là)

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J’ai toujours eu du mal à m’intéresser longtemps aux disques de Deerhoof, trop compliqué et trop bordélique j’imagine, et en live ça me fait à peu près le même effet. Après les quatre morceaux réglementaires, ça devient un peu pénible. Du coup je fais le tour de la salle, et force est de constater que le public est au rendez-vous et que cette édition hiver est une belle réussite, même avec ses choix plutôt pointus. Il ne restait plus qu’a regarder un peu Blonde Redhead avant de partir. Le temps d’entendre la toujours très chouette et de s’ennuyer un peu. Le mot ennui est peut-être un peu fort, les Blond Redhead n’ont jamais donné envie de tourner les serviettes, mais là c’était un peu pénible. Donc pour rester sur une très bonne impression, j’ai arrété ma Route du Rock hiver pendant leur concert.

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Et je peux rentrer chez moi, les yeux et les oreilles comblés, et en attendant avec impatience l’édition de cet été, qui sera promis juré sans eau envahissante.

Galerie photo

Bonus danse !!

Deer2

2 Comments Join the Conversation →


  1. pierre

    salut
    pour info, ariel pink faisait un linecheck. Quand un groupe n’a pas eu le temps de faire une balance avant l’ouverture des portes, il fait un linecheck : une courte balance (pour faire vite : check rapide des tranches de la console pour chaque instrument/micro. D’où le changement de plateau plus long pour eux.

    Reply
    1. Stephane

      Ah merci beaucoup pour l’éclairage sur ce moment resté mystérieux de la soirée !

      Reply (in reply to pierre)

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