Cette année après une attente de 2 ans sans fort de Saint-Père, nous étions de retour dans la vieille enceinte à côté de Saint-Malo ! Et on peut dire que nous étions totalement extatiques de revoir la grande scène et de nous préparer à enchaîner les découvertes et à revoir des artistes que nous avions déjà bien appréciés lors des éditions précédentes.
Lors de notre passage au festival nous avons retenu quelques concerts marquants (pas tous pour les mêmes raisons!). Je vais donc revenir sur les moments marquants de chaque soirée.
Jour 1 – l’arrivée
Le temps d’arriver sur le site pour cause de queue un peu longue dans les bois, nous assistons au début du set de Black Country, New Road. Plutôt pratique parce-que le collectif londonien faisait partie de ma short list et leur album Ants from up Here a pas mal tourné dans mes écouteurs. Le passage à la scène a fortement modéré ma curiosité, on ne peut pas dire que le groupe impressionne par son charisme… Un groupe de gens qui font un peu la tête et qui ont l’air de proposer une répétition au public, pas très enthousiasmant, ni très visuel. Mais la valse des instruments entre les mains du groupe a au moins été un peu distrayante.
Avant le gros morceau de la soirée (il faudra m’expliquer en quoi Fontaines DC est maintenant un gros morceau), les festivaliers ont eu le plaisir de découvrir sur scène deux groupes également sympathiques, les américains de Geese et les anglais de Yard Act. Si j’avais repéré et noté sur mon carnet les seconds, les premiers m’étaient pratiquement inconnus. Du coup leur concert énergique et leur enthousiasme débordant m’ont plutôt conquis.
Les jeunes américains originaires de New-York sont visiblement des geeks de la musique et leur post- punk en live est bien rodé et très propre, pour un groupe qui n’a sorti qu’un seul album, c’est plutôt prometteur, vivement la suite. Autre jeune groupe, qui jouait lui aussi sur la petite scène, les anglais du Yorkshire Yard Act ont eux aussi bien ambiancé la soirée avec leur post-punk nerveux.
Le chanteur s’agite, déclame des poèmes, éructe et interpelle le public, du coup on ne s’ennuie pas du tout et on passe un bon moment avec le quintet anglais. On sent leur ambition de grandir et de devenir un groupe plus important, et ils peuvent y croire, particulièrement au vu de ce qui suit.
On a aussi vu le gros morceau de la soirée, les irlandais de Fontaines DC, beaucoup de lumière, beaucoup de bruit, un chanteur qui a fait de la musculation et le son très fort (on parle de volume). Le groupe était déjà venu il y a quelques années et n’avait pas du tout laissé la même impression et surtout on n’aurait pas forcément vu cette évolution en groupe de festival lambda britannique. Et donc c’était sans grand intérêt, peut être à part les lumières rouges, le son bien fort, (ndlr : et encore) et un ou deux morceaux sympas.
Je ne sais pas trop quoi dire sur Wet Leg, sinon que c’était très passable, mais acceptable pour nos oreilles sevrées de musique au fort de Saint-Père depuis tant de temps.
Jour 2 – où on revoit nos favoris
Après une première soirée encourageante, arrive une deuxième journée elle aussi bien chargée en têtes d’affiche.
Commençons par parler d’un de mes groupes favoris de 2022, les anglais de Porridge Radio. Le groupe emmené par leur chanteuse Dana Margolin a livré une prestation plutôt sympathique, à ranger dans la catégorie des premières fois réussies, avec de bons moments lors des chansons les plus marquantes et un peu d’ennui parfois (mais pas trop). Le groupe est prometteur et on a hâte d’entendre la suite de leur carrière et comme dit la chanteuse dans son tube Sweet : “I am charming, I am sweet, and she will love me when she meets me,” (sic).
Kevin Morby, je le suis depuis des années, depuis le premier single découvert par hasard miles miles miles. Et sa musique a bien évolué depuis tout ce temps, ce soir il est sur la grande scène bien entouré d’une bande de requins aux dents acérées. Il y a même un décor fleuri sur la scène. Et le concert est à la hauteur, entre nouveautés tirées de son dernier album This is a Photograph et chansons plus anciennes. C’est propre et sans bavures, mais c’est exactement ce qu’il fallait à ce moment de la soirée.
Autre artiste attendu pour cette deuxième soirée : Baxter Dury, qui n’avait pas particulièrement d’album à défendre, mais qui était là pour faire son show. Et ça n’a pas raté… On a eu droit a une représentation du chanteur : arrivée sur la scène vêtu d’une combinaison, strip tease hésitant, longs discours, pauses (poses) outrées et surenchère dans l’esbrouffe. On a eu un Baxter Dury en très grande forme, sans doute en train de tester son stand up hommage a Julien Doré mélangé à Gainsbarre (oui ça peut être pénible à ce point). Côté musique il a déroulé une setlist medley de ses albums récents et plus anciens dont l’ironique (?) Cocaïne Man. Mais globalement, le moment était assez agréable.
Dans la soirée il y a avait aussi les revenants à capuche DIIV, qui ont joué un set sans surprise mais plutôt réjouissant. Ainsi que les masques de Snapped Ankles qui ont fait du bruit et agité leurs bouts de bois.
Jour 3 – une belle fin de week-end.
Le dernier soir ! Encore une fois beaucoup de concerts, parmi lesquels j’ai retenu les prestations de BEAK>, Ditz, Ty Segall et Fat White Family.
BEAK> le groupe de Geoff Barrow (oui celui de Portishead) a livré une prestation remarquable et hypnotisante. Le trio de Bristol a enchanté le public présent sous les dernières lueurs du jour.
Les jeunes punk anglais déchainés de Ditz ont quand a eux retourné la scène du fort avec une prestation brutale et très très efficace. Un gros son et des morceaux très énergiques ont bien réveillé le public du fort ! Leur présence scénique et leur prestation donne très envie de les revoir rapidement.
Il y a eu aussi le moment de l’invité presque permanent du festival, avec un taux de programmation à faire pâlir de jalousie Savages ou Foals (c’est dire), le génial multi instrumentiste californien Ty Segall a parfaitement rempli son rôle. Un set parfait entre rock’n’roll et americana, avec des musiciens au top et un très gros son.
Et pour terminer en beauté cette édition, qui de mieux que les anglais un peu fous de Fat White Family ? La réponse ? A vrai dire je ne suis pas sûr qu’il y ait vraiment mieux en terme de spectacle. Le public présent à la fin de la soirée, après avoir vécu le moment historique de la plus grand chenille du monde de la route du rock, a été entrainé directement dans la folie de la famille.
Le concert a commencé par le crowd surfing le plus long du monde, par le chanteur qui était vêtu pour l’occasion d’un cuissard (?) du plus bel effet. Puis la suite a été à l’avenant, fou, énergique et ils ont captivé l’attention du public pendant toute la fin de la soirée.
Pour résumer notre sentiment concernant cette édition, de belles (re)découvertes, de très belles soirées et un grand plaisir de retrouver le lieu historique du festival. Vivement l’été prochain !