Le jour se lève, j’irais bien chanter
Avec le merle d’à côté
Déjà les étourneaux volent là-haut
Merveilleux nuage d’oiseaux
Dans l’espace bleuté de ma tente deux secondes, la tête encore lourde de sommeil je cherche les étourneaux, je ne les trouve pas, encore un complot. Et ça continue…
Oh mon amour la belle heure pour s’aimer
L’aurore dans mon corps fait couler la rosée
Le ciel est clair et l’air encore frais
Par la fenêtre ouverte, triomphe l’été
Pour le coup, l’été triomphe un peu, il n’a pas plu depuis au moins 12h, pour la rosée et l’amour on repassera. Par la fenêtre, je vois juste un type débraillé et rougeaud à moitié habillé qui titube contre les grilles, non loin de lui une fille qui bave dans son assiette, et des portes de leur voiture sort la musique de réveil.
Rita Mitsouko, le genre de truc qui te vrille les synapses et te fait chantonner de la merde toute la journée. L’inquiétude pour ma mémoire musicale est de courte durée quand je réalise qu’il y a Foals ce soir et que de toute façon le gars rougeaud d’à côté à tout donné dès le premier soir (putain d’amateur).
Un peu plus tard, frais comme un gardon, sous un soleil gentiment automnal je me retrouve devant Only Real, AKA Niall Galvin premier artiste de la soirée. Le chanteur vient de Londres, et sa musique est un joyeux mélange un peu fainéant de spoken word, de pop classique et de chansons solaires.
Ses disques sont un fourre-tout sympathique qui tente de marier ce qui a l’air d’être une foule écrasante d’influences (qui n’ont rien à faire ensemble, c’est ça le plus drôle). Un peu le Jamie T. du pauvre, ou le Jamie T méga glandeur quoi. En tout le cas l’artiste rêvé pour commencer un début d’après midi au fort de Saint-Père. C’est totalement inoffensif, et suffisamment entraînant pour occuper l’esprit pendant l’apéro au soleil. Déjà vu au MIDI, il y a déjà 2 ans, le gars semble en être au même point, le dur destin des musique ludiques pour apéros raffinés, même si par moment, par moment il se rapproche du King Krule (la grâce, tsé).
Pour continuer dans le même état d’esprit léger et aérien, le festival nous régale, avec les suivants sur la grande scène. Les deux gars de Kiasmos sont un peu perdus dans l’immensité du plateau avec leurs laptops et leurs lecteurs CD. Mais ils font le boulot, de la techno avec plein de nappes, calibrée pour une grosse soirée aux alentours de 3h, mais qui étrangement convient parfaitement à ce début de soirée encore un peu ensoleillé. Du coup les gens dansent gentiment, pendant que l’enceinte se remplit peu à peu.
Un bon interlude pour regarder l’installation du groupe suivant sur la petite scène, les espagnoles de Hinds, (on en avait déjà parlé ici quand elles s’appelaient Deers).
Première constatation, elles sont contentes d’être là, surtout une qui était déjà (très) pénible quand elle installait son matériel.
OLAAAAA ! Et puis ça commence, une répétition d’un groupe de garage entrecoupé de discours en français tout cassé et de gloussements de miss pénible España’89. Ce n’est pas si désagréable en soi, juste un peu poussif et après 4 morceaux étirés et usés jusqu’à la moelle, on a envie de partir sous d’autres cieux.
Surtout qu’il paraît qu’un gros vieux camion fait de la Poutine.
Non pas celui là.
Là, voilà, voilà, ce que mange la dame (oui c’est Avril Lavigne)
Le set des Hinds s’achève tranquillement, et la foule (oui, l’enceinte est bien pleine, je me demande si ils savent pour Björk) se presse doucement vers la scène des remparts.
C’est l’heure du rock indus goth de The Soft Moon. Luis Vasquez envoie du gros son, arc bouté sur son synthé, le public se réveille doucement et ça et là les gens commencent à danser. Ce qu’il y a de bien c’est que le Luis s’arc boute sur tous les instruments à sa portée, sur son micro, sur sa guitare et sur son petit clavier ; on en vient presque à regretter qu’il n’y ait pas de biniou ou de triangle sur la scène.
Le rock noir et synthétique du gars est vraiment idéal pour bouger doucement et se laisser bercer. On peut presque regretter qu’il joue aussi tôt ce soir. Il n’y a pas de moments vraiment marquants dans son set, mais plutôt une impression d’une grosse machine hypnotique et lancinante qui emmène tout sur son passage, portée par la voix de Vasquez qui fait parfois penser à Trent Reznor.
L’enchaînement avec les Spectres (quatuor anglais agité de Bristol) est plutôt agréable du coup, ce n’est pas étourdissant d’originalité. Mais le drone/rock/noise/bruit des anglais est très efficace pour descendre doucement du concert de The Soft Moon.
Leur son est abrasif, et ceux qui comparent l’expérience de les voir en live à une catharsis ne sont pas si loin du compte finalement (bien que ce cliché puisse sans doute s’appliquer à beaucoup de choses, donc Michel Sardou et Foals, mais on y reviendra). Le groupe joue fort et poussent leurs idées soniques (et nos oreilles) dans leurs derniers retranchements, on se souvient alors avec émotion de l’an passé au même endroit où Metz avait retourné la petite scène avec leur furie dévastatrice et abrasive.
A la fin du concert je pressens qu’on a mangé notre pain blanc et que le reste de la soirée s’apparentera à une très lente montée du Golgotha.
J’ai une lueur d’espoir quand un gars monte sur la scène annoncer que Björk n’est pas là, et que le bassiste de Foals s’est fait mal à la jambe (je crois qu’il a été attaqué par des trolls nordiques) et qu’il ne sera pas sur scène, remplacé par un roadie.
Du coup le concert commence, j’ai beaucoup de mal à m’intéresser au meilleur groupe du monde de l’indie (selon le bruit sur les réseaux). Bref ça s’agite pas mal sur la grande scène, le chanteur s’agite beaucoup, pose, et à ses pieds, des zélotes un peu lassés commencent à se battre avec de la paille (oui).
Sans doute pour les calmer le chanteur, Yannis Philippakis se dit qu’un petit crowd surfing devrait les calmer et recentrer leur attention sur ce qu’il se passe devant eux. Il saute donc courageusement dans la foule avec sa guitare pour absorber leur âme et les convertir à la foalserie. Le reste du concert est un mélange flou de sons distants et d’hululements que je renonce à écouter assez vite.
Quand les cinq d’Oxford (eh oui pas de Cambridge **wink**) quittent la scène, c’est au tour de Daniel Avery et de Lindström de venir faire les djs. J’avoue que devant la perspective d’une autre soirée bien chargée à venir, la fuite me paraît la solution la plus simple (encore plus en ayant un peu écouté les sets).
En bonus
Yannis marchant sur les eaux
et Tywin Lannister himself (les arbalètes ça fait vieillir les gars)
La suite par ici.
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