Le dernier jour ! Avec encore une sélection de concerts pour le régal des oreilles. Oreilles qui commencent un petit peu à fatiguer après trois soirées de concerts, mais la Route du Rock est une course de fond, pas un sprint, n’en déplaise à notre cher voisin dans le camping. Il n’y a toujours pas de pluie et donc on a le bonheur ultime de mettre des tennis.
La soirée commence avec les américains juvéniles de The Districts, sur la scène des remparts. Il n’y a pas encore beaucoup de monde quand le groupe s’installe, les organismes doivent commencer à fatiguer.
Le chanteur des Districts est un petit bonhomme, avec une très belle moustache de molesteur d’enfants, d’une mobilité et d’une souplesse stupéfiante (c’est le mot). C’est du rock à l’américaine, un peu comme les Walkmen, donc. Comme le groupe est assez jeune, les chansons parlent d’alcool, de fuite et des filles (vaste programme).
Leur prestation est bien énergique et le sauts de cabri et les poses de Rob Grote aident a fixer l’attention sur ce qui se passe sur scène. Plus le concert avance, plus je pense à une version un tout petit peu moins exaltée et enflammée des Cold War Kids, et un peu moins intéressante. Mais ça fait une découverte à suivre dans le futur au vu du très jeune âge des gars.
Father John Misty s’appelle Josh Tillman en vrai, il a des cheveux longs, et il aime beaucoup poser. Avec lui il a un groupe qui lui ressemble, dont un extraordinaire bassiste fatigué avec un bronzage Médoc du meilleur effet.
Sa musique est une sorte de folk pompeux, basé sur des mouvements complexes (un peu comme un film de Jerry Brukheimer mais appliqué aux chansons de lover, subtil donc). Il fait bien sûr son petit passage dans la foule, comme à peu près tous les groupes et chanteurs de cette édition (sauf Daniel Avery qui n’avait pas trop envie), ça fait un gros bonus en charisme paraît-il…
Le concert est ennuyeux, à la base je ne suis pas très fan, mais la version live est encore plus pénible que le disque, certes le travail sur l’attitude et le look montre un souci du détail louable, mais le reste est rapidement inintéressant (bon en fait ça pourrait faire un carton aux charrues à 15h le dimanche avec les mamies en goguette).
Mais ce chemin de croix n’est rien, puisqu’il y a Viet Cong juste après ! L’album des canadiens, sorti en début d’année est un très bon disque de post punk bruitiste et puissant aux relents un peu krautrock par moment. A les voir ce soir, on pense aussi bien à Interpol (et à travers eux aux grands anciens), mais aussi à Liars pour l’énergie dégagé et pour certains moments du concert véritablement jouissifs.
Le morceau d’ouverture Throw it Away (oui c’est ce que le gars crie) met un bon coup de poing dans le nez des gens qui ne connaissaient pas le groupe, ça joue vite, c’est un peu dissonant comme il faut, et le chanteur malgré son look de prof de maths a une voix assez impressionnante. On retrouve aussi le moment phare de l’album, la chanson dansante abrasive Continental Shelf vers la fin du concert, avec ses guitares dévorées par une foule d’effets. Après environ une heure de furie sonore, on en vient à regretter de les laisser partir.
La foule un peu plus garnie migre. Les Savages vont jouer sous peu. Les Savages sont un groupe de filles, né du rebranding réussi de la chanteuse française Jehnny Beth (ouais c’est un pseudo hein) en chanteuse de rock énervée et punkoïde (heureusement).
Et surtout c’est aussi un cocktail roboratif de rock et de post punk, emmené par une furie aux cheveux courts (je tue le suspens de suite en vous disant qu’elle va sauter dans la foule, obligé, l’esthétique rock tsé).
Le groupe est très impressionnant en live, avec la chanteuse avec ses cris à la Siouxsie, la basse qui cogne et gronde comme dans un concert de Metal et la batteuse qui maltraite ses fûts.
Leur musique est dans l’air du temps, elle n’est pas follement originale (et elles ne doivent d’ailleurs pas le revendiquer) ; mais la mayonnaise prend et la prestation réveille les vieilles pierres du fort (et le public sort un peu de sa torpeur post Father Jojo).
Pour résumer un très bon moment passé avec les filles juste avant de voir les ancêtres de la soirée.
Quand on parle d’ancêtre shoegaze, on pense à Slowdive et à My Bloody Valentine : et beaucoup plus rarement à Ride. D’ailleurs on ne voit pas souvent de groupes citant Ride comme une influence ou le citant comme référence musicale, ou pour ainsi dire jamais.
Le groupe malgré quelques morceaux assez marquants est un peu tombé dans l’oubli, sauf dans le cœur de quelques fans enragés. Le bon point c’est qu’ils commencent par un de leur quelques gros tubes : Leave Them All Behind et son intro basse batterie caractéristique. Pour le reste les vieux roublards ont déroulé, pas de risque, des chansons réglées au millimètre, le minimum syndical, juste assez pour mettre en transe les fanboys. Ce n’est pas désagréable non plus de voir un set maîtrisé mais l’ensemble manque un peu d’ampleur, on sent bien la tournée de reformation pour payer la nouvelle cuisine.
A partir de 23h le dimanche soir, le dernier soir du festival vient le moment du cirque, et de la détente générale. ça commence fort avec le retour de l’américain festif Dan Deacon sur le festival, cette fois ci sur la grande scène accompagné d’un batteur. Son set est un mélange de stand up, de morceaux vitaminés avec une voix passée au travers d’une foule d’effets
Evidemment la machine est super efficace et le public réagi au quart de tour, les premiers rangs deviennent une espèce de dance floor deglingué. Et dans cet espace de folie, il y a le grand gagnant de la soirée, un type qui chevauche un matelas pneumatique. L’exploit est de taille, parce que ça implique que les gars l’ont rentré dégonflé dans l’enceinte du fort, et qu’il l’ont gonflé sur place (sans doute avec la bouche, mais le houblon et le mélange font des miracles).
Une fois de plus le talent de show-man de Deacon a bien occupé l’espace, l’agitation extrême du gars empêche même d’avoir un avis sur le fond musical (globalement des gros leads, avec des trucs hurlés au vocoder et un batteur qui massacre les fûts par dessus.
Du coup, les nappes synthétiques de The Juan Mclean sont bien fade à côté de la folie furieuse de la grosse scène
Du coup, le concert est un peu plus dur à suivre, et mon attention flotte assez rapidement. Même si les sons très 80’s du groupe mériteraient un écoute plus attentive (plus tard quoi, un autre jour).
Après le groupe, on décide de faire l’impasse sur Jungle, parce qu’un truc un peu vieillot suffisait dans la soirée, et qu’il était temps de se détendre un peu dans la paille en écoutant les djs.
La Route du Rock s’achève donc sur une touche de douceur et la dernière image avant de dormir est une danse lascive de quelques créatures, mais j’ai dû le rêver, la fatigue de quatre jours de concert hein.