À la fois duel et duo, le couple est une mécanique compliquée, une valse permanente d’attirance et de rejet, de complicité et de lutte. On rit, on pleure, on s’aime, on se déchire, on donne des coups, on en reçoit, on prend des bleus et parfois, ça nous laisse KO.
Pour traiter de ce sujet complexe, qui est qu’on soit célibataire endurci ou marié depuis 30 ans, papillon butineur ou chien fidèle, l’un des grandes affaires de nos vies, la dramaturge Léonore Confino a choisit la métaphore de la boxe. Le salon ou la chambre en seront le ring, pour le meilleur et souvent pour le pire.
Elle développe avec un regard théâtral original, infiniment actuel et décomplexé ce thème que l’on aurait pu croire usé aux vaudevilles médiocres et aux mélos sans âme.
À travers 18 saynètes, tantôt drôles, tantôt empruntes de désespoir, passionnées ou pitoyables, elle explore le couple sous toutes ses facettes, de la relation avortée aux divorcés, amis qui deviennent amants, jeunes parents épuisés, veufs, …
Pour servir avec fluidité son (ou plutôt ses) texte(s), une disposition scénique en semi-arène, un décor épuré, des parties chorégraphiées avec arrangements musicaux ad hoc, des projections vidéos et surtout: Audrey Dana et Sami Bouajila, formidable duo de comédiens-danseurs protéiformes.
Dans la séduction comme dans la haine, dans l’humour comme dans le drame, dans la séduction comme dans le dégoût, tous les deux sont absolument impeccables de justesse, de spontanéité et d’audace. Ils parviennent avec autant d’efficacité que de grâce, en virevoltant presque, à faire passer le spectateur d’un tableau à un autre, en demeurant crédibles dans la multitudes des caractères qu’ils incarnent.
Surprenante et énergique, « Ring » dispose d’atouts incontestables pour captiver le spectateur. Pourtant, la pièce pâtit de ruptures de rythme et de fluctuations d’intérêt : les tableaux sont d’une qualité inégale et les partis pris s’essoufflent régulièrement.
On ne parlera pas vraiment de rencontre ratée car la pièce parvient néanmoins à nous toucher, à nous émouvoir et à nous faire rire par moments, mais d’une relation bancale et imparfaite qui laisse le goût un rien amer des potentiels qui ne se sont pas pleinement réalisés.
Néanmoins, parce qu’on ne saurait bouder notre plaisir de voir émerger des pièces aussi originales et aussi brillamment incarnées, on peut conseiller « Ring » comme un OVNI théâtral certes mineur mais intéressant dans le fond comme dans la forme.
Ring au Théâtre du Petit Saint Martin
Une pièce de Léonore Confino
Mise en scène Catherine Schaub
Avec Audrey Dana, Sami Bouajila. Décors Élodie Monet. Lumières Jean-Marie Prouvèze. Costumes Julia Allègre. Musique Bastien Burger. Image vidéo Mathias Deflau. Chorégraphies Magali B.