Pita – Get In (Editions Mego – 2016)

Depuis quelques temps, Autechre semble s’être totalement affranchi des limites imposées jusqu’à maintenant par un label et des sorties de disque aux formats physiques : après avoir publié une série de 10 albums live l’année dernière, le groupe vient de sortir son onzième album constitué de 21 titres et durant près de 4h30.

En continuant dans cette voie, le groupe risque d’y perdre une partie de son public et peut être aussi son statut de groupe culte et novateur en se réduisant a une sorte de curiosité : on va finir par uniquement parler chiffres et prouesses techniques plutôt que d’écouter et apprécier leur musique. En fait Autechre a oublié qu’il est souvent nécessaire de se poser des limites pour créer une musique intéressante et novatrice – le vrai talent est de surmonter ces limites pour créer une œuvre libre et personnelle.

Pita, un des grands de l’électronique expérimental en compagnie d’Autechre, lui pour le moment continue à créer sa musique en suivant les canons traditionnels de la musique électronique pour son premier album en solo en plus de 10 ans.

Pita c’est Peter Rehberg, patron du label Editions Mego, moitié de KTL avec le parisien d’adoption Stephen O’Malley, lui-même moitié de Sunn 0))). Peter Rehberg a beaucoup collaboré (Fennesz, Jim O’Rourke, etc.) et fait partie de la famille expérimentale et bruitiste de la sphère électronica.

Son nouvel album commence par « Fvo » un morceau court au son massif à la Fennesz. Ensuite on a le parfaitement nommé « 20150609 I », titre bruitiste et acide sonnant comme une improvisation live. Ça se calme avec le lent et menaçant « Aahn » puis la belle ambiante sereine de « Line Angel », traversée par de légères distorsions.

On arrive à la moitié du disque et Pita s’essaie peut être pour la première fois de sa longue carrière à la pop sur « S2000729 » : s’il arrive à garder cette mélodie techno pop répétitive pendant 2 minutes, sa tentative de chanson est gâchée quand Peter décide de noyer la mélodie sous un déluge de larsens et autres horreurs pour les oreilles. Sur « 9U2016 », il arrive à créer ce qui sonne comme à un moteur de mobylette spatiale croise avec des rebondissements de balles métalliques.
Le disque se termine par les 10 belles minutes de « Mfbk » (prononcé méfbek ou méfbêk) avec drones et instruments à cordes.

Au final un album intéressant, à recommander a ceux qui sont après leur dose d’expérimentations électroniques sans être prêt à donner 4h30 de leur vie pour affronter le dernier album d’Autechre.

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