Mike Hadreas est le genre de personnage qui me fascine. A la fois provocateur et discret voire maladroit, aussi fort que vulnérable, publiant des clips aussi détonants qu’infiniment touchants (voir le magnifique « Hoods« ), il m’interloque depuis un petit moment. Le très beau « Put Your Back N 2 It« que je me suis mise à écouter il y a finalement peu de temps – alors qu’il est sorti au début de l’année, m’a émue infiniment jusqu’à ce que son écoute devienne absolument addictive.
Dans la veine des écorchés vifs romantiques – je ne peux m’empêcher de penser à Chris Garneau mais aussi à notre cher Edward Barrow, il s’impose, à mon sens comme l’un des artistes les plus intéressant de sa génération, du genre à vous foutre la chair de poule rien qu’en l’écoutant sur votre ordinateur.
Je ne vais pas vous sortir le couplet sur son ambiguïté en termes de genres, ni sur le fait qu’il se déclare « chanteur gay ». C’est sans doute un acte aussi important, militant et courage dans une Amérique bien puritaine, mais pour moi, cela n’est pas d’une grande importance. Une chanson d’amour, de sexe ou traitant de n’importe quel sujet et quoiqu’elle soit tirée de l’expérience de son auteur peut être belle/réussie (ou pas) quelle que soit l’orientation sexuelle de ce dernier.
Ce qui compte, surtout dans ce registre, c’est d’être pris au tripes, non?
Accompagné de ses deux musiciens, vêtus de T-Shirt, leggings et talons hauts, Mike Hadreas s’installe à son clavier. Là, il faut absolument que je m’enlève de la tête sa ressemblance avec Iwan Rheon (Simon dans Misfits)… Ceci fait, je peux rentrer pleinement dans le concert. Hadreas n’a pas l’air super à l’aise, mais plutôt que de lui donner un air emprunté, cela le rend d’autant plus touchant. Il émane de lui quelque chose de très beau, presque enfantin comme si son passé, ni ses années d’addiction passées, ni son succès, ni les tournées n’avaient vraiment réussi à ternir cette lueur que l’on ne retrouve presque que dans le regards des gamins.
Musicalement, en revanche, en comparaison avec l’album, et malgré les poils hérissés de mes bras, on aura pu être un peu déçu en notant une certaine perte de profondeur de champ, un attachement (encore) moindre à la rythmique et l’impression que les chansons sont bâclées sur la fin, qu’elles s’arrêtent comme ça, sans descente. C’est assez déstabilisant mais cela n’en demeure pas moins d’une telle sincérité et d’une telle grâce dans la faculté à donner vie à des sentiments universels que cela vaut tous les procédés pop hyper attendus.
On se réjouit presque de la brièveté de ces chansons à fleur de peau qui ne s’enchevêtrent pas dans de vaines enluminures. Le travail de composition existant suffit déjà à les rendre magnifiques.
Le tout a beau être marqué par la tristesse et la mélancolie, Perfume Genius explore ces ressentis avec tant de spontanéité que par l’exploration de différentes couleurs musicales et de tessitures qu’il ne lasse pas ni ne devient complaisant sur ses propres souffrances. Au contraire, il semble affirmer une certaine attitude de renaissance, d’apaisement, de rupture digérée.
Le concert est bref, mais magnifique, aussi galvanisant qu’émouvant. Un très beau moment de pop aérienne, délicate et profonde.
A noter, le festival Eldorado se poursuit se poursuit jusqu’au 17 avec une très belle programmation : http://cafedeladanse.com/eldorado/festival.html