Vendredi après midi, j’arrive par le train à Hyères, pour le MIDI festival, le lieu de pèlerinage annuel depuis 2010, édition mémorable du festival. Après un passage rapide à l’hôtel, une courte promenade sous un soleil radieux dans les rues de la ville, et c’est le moment de rechercher les fameuses navettes du MIDI pour aller à l’hippodrome de la plage. Cette année des emplacements pour prendre les navettes sont signalées et facilement accessibles, une grosse faiblesse du festival est ainsi comblée (un peu hein, on parlera des toilettes de la villa Noailles plus tard).
L’hippodrome de la Plage est un lieu un peu bâtard, surtout quand il n’est pas très plein. Le grand espace disponible, engendre fatalement pas mal de vide. Surtout qu’au début les gens sont assis sur le sol. Les lieux sont encore en train de se remplir doucement quand les américains de Jagwar Ma arrivent sur la scène.
Les gars sont jeunes et leur musique n’est pas vraiment différente de leur disque. Ça commence assez doucement, ils n’ont pas dû jouer très souvent devant un public.
Après je me dis que c’est le concert parfait pour commencer un festival, des morceaux gentiment planants, et un tube impeccable aux accents sixties, Come Save Me qui fait un peu penser à Animal Collective ou Shimmering Stars. Un très bon moment, qui a fait remuer les têtes et les pieds de la petite foule présente.
Ensuite, après le changement de plateau, le duo Zombie Zombie arrive sur la scène, Étienne Jaumet est derrière ses synthés, son saxophone à ses pieds.
Dans la lumière douce du soir, les volutes électroniques doucement hypnotiques captivent le public. On retrouve à un moment une reprise de John Carpenter, le groupe joue aussi son nouveau morceau tiré du récent single Rocket Number 9.
Le batteur est en transe et nous livre une spectacle assez impressionnant (et qui fait bien danser).
Cerise sur le gâteau, sur un des morceaux, Étienne Jaumet dégaine son saxo, et nous joue un petit solo FM dont il a le secret. On passe un très bon moment avec les Zombies. Le festival part sur de bonnes bases ! On a dansé et tout le monde est plutôt heureux sous le soleil faiblissant.
Puis histoire de gâcher un peu l’ambiance, No Ceremony livre un set ennuyeux, une sorte de trip hop daté (tu imagines le truc?), ça ressemble un peu à Keep Shelly in Athens d’ailleurs, encore un nouveau membres de la confrérie du revival 90’s, des groupes à chanteuse un peu pénible. Rien de particulier à signaler, un concert plutôt inoffensif.
Willy Moon arrive en gesticulant. Il est accompagné d’une chouette guitariste vêtue d’une combinaison noire qui ne se marre pas du tout, malgré toutes ses médailles d’or qu’elle porte à la taille (elle doit avoir super chaud, aussi, mais elle est trop cool pour suer).
Le show est assez surprenant, le gars coiffé en arrière (la coiffure du moment apparemment) bouge beaucoup, danse beaucoup et arpente la scène dans tous les sens en gesticulant.
Ses morceaux sont un peu rock à l’ancienne, parfaits pour danser. Mais en définitive, c’est distrayant un petit moment, puis après la répétition des chansons presque toutes pareilles, on finit par être bien lassé.
En passant dans la foule, les avis sont d’ailleurs très partagés concernant la prestation du chanteur gominé, les experts tordant le nez à la simple évocation du Néo Zélandais (et si c’était ça la vraie originalité du type?)
Nuit noire sur la scène, c’est l’heure de la sieste avec SBTRKT. Je commence à sortir mon oreiller gonflable et je me prépare à un dormir un peu (et rêver, peut être, rêver aux concerts à venir et à la mer toute proche).
Et, pour la première fois j’accroche un peu au son des anglais, qui jouent très sérieusement, avec des demis masques sur le haut de la tête, nimbés d’une lumière bleue du meilleur effet (enfin pas en photo, on est d’accord). C’est appliqué, gentiment dansant, et on ne voit pas trop le temps passer.
Après la fin du concert, départ pour la plage de l’Almanarre pour la soirée MIDI Night #1. Au programme: danse les bras en l’air et les pieds dans l’eau, et aussi discussion en kiloeuros avec un gars, qui, avisant mon air mélomane (lucide le gars), m’a demandé pourquoi le festival faisait pas venir des «vrais DJs», genre David Guetta ou Jean Roch comme à Saint Tropez, je lui parle des DJs présents, mais il me dit que les crevards ne l’intéressent « trop pas »; flairant le génie je lui propose de le prendre en photo (pour ma collection de festivaliers) mais il refuse arguant que dans la finance tout se sait, et il veut pas être vu par son boss. Je décide alors de retourner mettre mes pieds dans l’eau en écoutant la musique.
La soirée se termine par une opération délicate de remise de chaussures, opération rendue totalement périlleuse parce qu’un dessinateur culte et très drôle persistait à me les remplir de sable. Du coup, un passant innocent qui n’en demandait pas tant subit un tacle les deux pieds décollés (Lorik Cana style).
Et finalement, profitant des palabres et de l’intervention de l’arbitre j’ai finalement réussi à remettre mes chaussures (non sans avoir menacé de me lever pied nus). Le temps de trouver une navette, qui nous amène dans le bus et c’est le retour sans encombre à l’hôtel.