Sorti le 25 février dernier, Dying Is a Wild Night (deuxième moitié d’un vers d’Emily Dickinson ) est le deuxième album de la canadienne Mélissa Laveaux. Un album personnel tant par la l’originalité de ses compositions que par la part d’intimité que la chanteuse y dévoile.
Une guitare rebondie, des basses efficaces, des percus parfois aux limites de l’afro (assurées par la musicienne de jazz Anne Pacéo), les instrumentations sont intéressantes mais plutôt secondaires. La particularité des compositions tient plus aux techniques de chant de Mélissa Laveaux. A mi chemin entre Selah Sue et Gotye, sa voix à la fois sensuelle et brisée enveloppe le rythme et dynamise les chansons, tout en rappellant en même temps la volupté de Skye Edwards de Morcheeba. Dans son ensemble le disque est pop, un peu blues, un peu rock, pas mal folk, hybride en somme.
Et il débute assez fort avec Postman, un titre bien groovy qui met en jambes d’entrée de jeu. Le titre donne le ton de ce nouvel album, plus énergétique, plus pimpant que le premier Camphor and Copper (2008) qui dévoilait une folk beaucoup plus calme. Installée à Paris depuis quelques années, Melissa Laveau relate sur « Postman » de la rupture induite par ce changement d’environnement et ouvre les confessions.
Dying Is a Wild Night réserve quelques surprises et la première arrive déjà au deuxième titre. L’air est familier, sur le coup on dirait du Gwen Stefani post No Doubt, mais quand le refrain frappe, plus de doute. Weezer. C’est une reprise de Hash Pipe (j’en profite car on ne peut pas se lasser de ce clip), pour une version suave. Comme je suis vendue aux concernés, le titre ne vaut pas l’original mais les arrangements sont amusants et de qualité, et on saluera l’initiative.*
La surprise suivante arrive dans la foulée. En effet, quelques musiciens de talent ont participé sur certains titres et ça s’entend. Sur « Drew Breaker » les jeux de guitare à quelques notes et les ondes des claviers flottants complètement Air dévoilent la participation de Vincent Taurelle. Une collaboration qui colle assez bien au thème dramatique de la chanson. Ont également collaboré sur ce disque Ludovic Bruni et Vincent Taeger (membre de Poni Hoax notamment), Mélissa Laveaux était donc en bonne compagnie.
Pour le reste de l’album, il est moins surprenant. Au bout de quatre ou cinq titres on commence à reconnaitre un certain plan dans la construction de ses chansons, qui se ressent un peu tout le long du disque pour finir par fatiguer, bien que celui-ci soit de qualité. Le schéma fonctionne mais se répète un peu. Les compositions n’en restent pas moins intéressantes. Chaque titre développe sa propre énergie et transmet quelque chose à chaque coup. Parfois Mélissa Laveaux les agrémente de quelques sons clairs, de claquements de doigts, de murmures, qui ajoutent une touche de naturel. Et quand elle choisi d’alourdir une chanson avec un effet de basses bien grésillantes comme sur Triggers, ça casse ce schéma un peu redondant et c’est efficace. On en aurait voulu en avoir plus, de la lourdeur assumée.
Mais comme énoncé plus haut, l’accent est mis sur le chant, et ainsi sur les paroles. Melissa Laveaux écrit des textes personnels, creusés, agiles. Sans tomber dans la noirceur elle propose une introspection mesurée, sur des thèmes universels comme les questionnements sur la beauté physique, on pense à Pretty girl et à la sensuelle Generous bones. Melissa Laveaux ouvre son cœur, met ses ressentis sur la table et s’abandonne dans ses compositions.
Une dernière dérogation arrive à la dixième chanson, en hommage à ses origines, Pie Bwa (inspirée de Strange Fruit de Billie Holiday) est chantée entièrement en Créole, et c’est très doux.
L’album vaut donc le détour, Mélissa Laveaux est une bonne chanteuse, son style est particulier et conserve son authentisme, mais pour ma part je l’écoute à petite dose, ça évite la lassitude.
*et si vous n’avez pas encore entendu parler de la Weezer Cruise, vous ne savez pas encore ce que vous faites à l’été 2014. Votre programme est là.
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