Matt Elliott au Café de la Danse – Jeudi 21 novembre 2013

Qui a dit que la colère et le désarroi étaient les meilleurs moteurs de la création musicale? Ces dernières années, Matt Elliott nous a donné à entendre ce que le désespoir pouvait amener à créer de plus beau et nous a fait assister à des concerts infiniment prenants, magnifiques et douloureux. Il revient aujourd’hui avec « Only Myorcardial Infarction Can Break You Heart  » que j’ai chroniqué il y a quelques semaines. Une splendide album de rupture, un tournant:le song-writer anglais y dévoile une âme apaisée, moins en proie avec ses démons.

Je ne vais pas redire tout le bien que je pense de ce disque, juste vous dire quelques mots du concert d’Eliott au Café de La Danse, l’occasion de voir si cette orientation nouvelle et si le line-up inédit (Elliott s’est entouré de plusieurs musiciens pour enregistrer le disque:  David Chalmin (clavier/electronics), Jeffrey Hallam (contrebasse) et Raphaël Séguinier (batterie)) tiennent la route sur scène.

matt eliott cafe de la danse

Alors, si le son est autrement moins torturé, on retrouve cet état de grâce et surtout l’intensité auxquels Elliott nous a habitués. Il souffre moins, nous souffrons moins avec lui mais ce n’est pas pour autant que son live perd de sa force et de sa faculté à nous happer de bout en bout. On apprécie, encore plus que sur disque,  le travail d’arrangement qui a été fait avec les musiciens. Cette collaboration, si elle enrichit les compositions, demeure discrète et n’entame en rien d’ADN singulier du compositeur interprète, qui ne se prive pas pour continuer comme il l’a fait précédemment à utiliser avec adresse les loops.

Il demeure toujours quelque chose de joliment sombre – Matt n’est pas devenu guilleret non plus et n’en est pas à fanfaronner sur sa joie de vivre retrouvée: la dualité ombre/ lumière, désespoir/espoir  n’en est que plus intéressante.

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Sur scène, les tonalités post-rock se font d’autant plus patentes dans cette confrontation particulière avec cette folk organique, viscérale et spontannée teintée d’influences slaves dans laquelle Elliott s’épanouit si bien. On est surpris autant que séduits par son choix de reprises (les classiques « I put a spell on you » de Screamin’ Jay Hawkins et « Bang Bang » de Sonny Bonno) qu’il arrive à s’accaparer malgré leur notoriété.

Plus que dans un véritable renouveau, Matt Elliott s’inscrit, et ce concert en est la preuve, dans une subtile continuité. On est heureux de le voir sourire un peu plus mais de ne pas décevoir ses fans.

Du beau boulot avec un supplément d’âme ,  d’humanité et de générosité.

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