Vous vous souvenez, vous, quand vous avez entendu pour la première fois Nirvana ? Et quand vous avez appris la mort de Kurt Cobain ? Pour les deux, j’avais 11 ans et je crois que ça a conditionné ma manière d’écouter de la musique pour le reste de ma vie (et sans doute aussi de m’habiller, au moins pendant les 10 ans qui ont suivis).
J’imagine que je ne suis pas la seule à avoir connu cette influence…
20 ans après le suicide de Cobain, la Compagnie « La boîte à outils » revient sur le parcours fulgurant du groupe emblématique de cette génération « X » – et si on l’appelait plutôt « Génération nevermind » ?
Ne vous attendez pas à un hommage pieux et respectueux à l’ange blond du grunge, ni à une rétrospective musicale en bonne et due forme. L’approche est inédite, radicale, urgente, spontanée… mais non moins attachante.
En s’appuyant sur les carnets de Cobain, le spectacle nous plonge dans ce qui pourrait être l’intimité du groupe. Salon, studio de répét’, backstage, salle de conférence de presse…? Peu importe… On s’éloigne du mythe pour s’intéresser aux ressentis, aux aspirations, au désenchantement, aux doutes et aux angoisses du leader.
Peu importent aussi les normes ou les standards. La pièce, audacieuse, protéïforme et anti-conformiste joue avec les attentes du spectateur pour mieux le prendre à son jeu. Cobain est d’ailleurs incarné par une femme, la formidable Marie Nicolle qui met là toute sa force d’interprétation pour donner corps aux fêlures, à la douleur mais aussi aux espoirs d’un jeune mec pas vraiment à l’aise avec un statut de superstar.
On aurait pu redouter le truc prétentieux, qui embrasse trop et mal étreint. Au contraire, la pièce, ambitieuse, certes, sait rester modeste et surtout généreuse.
On aurait aussi et surtout pu craindre un spectacle complétement désenchanté ou plein de pathos. Il n’en est rien. L’inventivité et la liberté de la mise en scène, l’intelligence des dialogues et l’originalité des passages musicaux en fond une pièce absolument réjouissante dans laquelle le spectateur prend un énorme plaisir à se laisser emporter.
On est conquis et l’on ressort de là gagnés par l’envie de réécouter « Nevermind » et un peu nostalgiques, malgré tout, de nos années MTV.
« Kurt Cobain, peu importe, tant pis » à la Loge jusqu’au 30 mai
Avec : Mélie Fraisse, Marie Nicolle, Baptiste Chabauty, Frédéric Jessua, Thomas Matalou & Liam Morrissey
Mise en scène Frédéric Jessua
Projet développé en résidence au CENTQUATRE