Cela fait déjà huit ans que Archie Marshall hante l’indie pop anglaise. Tout d’abord sous le pseudo Zoo Kid, c’est avec l’excellent single The Noose of Jah City qu’il se révèle à seulement 17 ans en 2011. Oscillant toujours entre l’univers du jazz et du dubstep (on lui doit d’ailleurs quelques productions sous le nom de Edgar The Beatmaker), King Krule vient de sortir cette année l’ambitieux The Ooz. On en fait l’état des lieux.
Dès l’inaugural Biscuit Town, King Krule démontre son intérêt, jamais caché, pour un trip hop relax et brumeux, typiquement anglais. Mais, ne nous y trompons pas, ce nouvel album est loin d’être si décontracté du slip que ça. Si Dum Surfer sonne, somme toute, comme un single efficace et gentiment rentre dedans, les dix-neuf titres de ce troisième opus défilent plutôt comme une errance entre angoisse et solitude propres aux cités grises des banlieues anglaises (le magnifique Lonely Blues).
Les accords jazz se mêlent aux influences electronica des copains de Mount Kimbie (avec qui il a déjà collaboré avec brio), pour donner une couleur sombre et quasi anxiogène (l’abyssal « Cando Limbo) à un disque d’une honnêteté déconcertante. Malgré quelques incursions vers le punk caverneux (Vidual ), The Ooz prône une économie de moyens au service d’une virée nocturne pleine de désillusions et de poésie (The Ooz). Parfois déchirant, comme sur La Lune , King Krule réussit a mêler la mélancolie et la détresse à des compositions bancales sans jamais tomber dans l’ennui ni le pathos.
Album né dans l’urgence suite à une obscure histoire de rupture sentimentale, The Ooz semble être aussi une thérapie qui ne trouve pourtant pas de réponse. Un dédale de questionnement au décorum froid et enfumé qui ne trouve ni salut, ni rédemption. Allons y franco, avec ce nouveau fait d’armes, King Krule pourrait bien être le fier descendant d’Edwyn Collins et de Chet Baker. Si si.
King Krule – The OOZ (XL Recordings, 2017)