Si ce n’est pas un signe des temps: LA comédie sentimentale à voir au théâtre cet hiver est gay!
À la Folie Théâtre, Stéphane Henriot met en scène « Jeffrey », la pièce culte des années 90 de Paul Rudnick avec beaucoup d’intelligence, d’humour et de un peu de sex-appeal aussi.
Jeffrey, incarné avec allant et justesse par Jonathan Demay, est un jeune gay parisien qui multiplie les aventures sans lendemain jusqu’au jour où il dit stop. Marre de multiplier les étreintes sans aimer vraiment, il décide d’arrêter le sexe. Sauf que c’est juste à ce moment qu’il rencontre Stéphane, l’homme idéal.
Après quelques tergiversations, Jeffrey arrive à se convaincre d’éventuellement mettre fin à son vœu de chasteté. Mais Stéphane, décidément un mec bien, lui avoue avant le premier rendez vous, qu’il est séropositif. C’est un couperet qui tombe pour le jeune homme qui se met à flipper et finit par annuler ce dîner pourtant attendu de part et d’autre. S’en suit un jeu de chat et de la souris où la comédie et le drame s’entremêlent avec toujours, en fond, une belle dose d’humour et d’ironie.
C’était un sacré pari d’adapter une pièce comme « Jeffrey », très datée 90’s, en pleine épidémie du SIDA, à New York. Si bien sûr la maladie est toujours là, la psychose, avec l’amélioration des traitements, a décru. Et forcément en plus de vingt ans, et à Paris qui plus est, les mœurs et les références culturelles sont différentes. Il a donc fallu effectuer quelques ajustements: c’est ici fait de manière subtile et fine. A aucun moment le spectateur ne ressent le moindre anachronisme. Et puis, le thème des amours impossibles n’est-il pas un grand classique?
Il est ici mis à la scène avec tout ce qu’il faut de fantaisie et de sensibilité, sans manichéisme ni cliché – ou si cliché il y a, c’est pour qu’il soit gentiment moqué.
La mise en scène impose un tempo effréné et les tableaux, tantôt cocasses, tantôt plus émouvants et tendres, nourris de bons mots et de situations bien senties se succèdent à vive allure et dans une bonne humeur générale. Toutes ces saynètes constituent un canevas jubilatoire et coloré où les comédiens offrent une prestation généreuse et attachante. Ils sont tous très bons, certains changeant de rôle comme de chemise avec le même brio -mention spéciale à Solène Gentric qui se montre d’une drôlerie implacable.
Au delà du bon moment passé, « Jeffrey » délivre une injonction au Carpe Diem contemporaine à laquelle chacun(e) pourra adhérer.
Une leçon: vivre! malgré les drames et les entraves de la vie.
En outre, on sait gré à une pièce de montrer des amours homosexuelles sans caricature. Car c’est bien d’amour qu’il s’agit au final, et pour ça, il n’y a pas de sexe. J’ai versé ma petite larme à la fin, émue après avoir tant ri.
Que dire de plus, sinon « Allez-y! »?
JEFFREY
Du JEUDI au SAMEDI à 21H30, Le DIMANCHE à 18H00
À LA FOLIE THÉÂTRE
6 rue de la Folie Méricourt
75011 PARIS – M° Saint Ambroise
Une pièce de PAUL RUDNICK
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Mise en scène de STEPHANE HENRIOT
Adaptation Française de CHRISTIAN BORDELEAU
Avec
JONATHAN DEMAY, ALEXANDRE GEOFFROY, JÉRÔME SANCHEZ, ARNAUD CHANDECLAIR, LOUIS DELAFON, SOLÈNE GENTRIC, STEPHANE HENRIOT & FABRICE PERRET