On a tous quelque chose en nous de Nino Ferrer.
Pour moi, c’est des chansons ensoleillées et nostalgiques comme la Rua Madureira et des airs chantonnés et gratouillés… toujours en été.
Pour Denis Colin, électron libre du jazz, Nino, c’est une sorte de compagnon de route qu’il n’a jamais croisé et qui l’a pourtant marqué à jamais.
D’où ce spectacle de reprises en complicité avec la toute aussi affranchie chanteuse Ornette ainsi qu’avec la chanteuse Diane Sorel et quatre musiciens (Antoine Berjaut (bugle, trompette), Julien Omé (guitares), Théo Girard (basses) et François Merville (batterie).
On est d’abord surpris par la taille du groupe ainsi formé, surtout quand on apprécie le minimalisme des chansons de Nino. Mais, le passage au “grand format” se fait avec élégance et dynamisme grâce à un savoureux travail d’arrangements/ réarrangement/ réappropriation instrumentaux et vocaux.
L’harmonie est là : les interprétations d’Ornette, accompagnée par Diane Sorel, toutes en féminité, qu’elles soient langoureuses ou mutines sont on ne peut plus naturelles et gracieuses à défaut d’être franchement surprenantes.
Le dynamisme, l’enthousiasme et le talent des musiciens font que l’on savoure d’autant plus ces mélodies connues, oubliées ou plus inédites.
Mais, si ce spectacle d’une qualité musicale incontestable permet de (re)découvrir avec plaisir l’univers de Nino Ferrer et qu’il constitue un hommage léger, presque désinvolte et enlevé, il manque un je ne sais quoi d’audace et d’originalité, ne serait-ce que dans la scénographie, pour convaincre absolument.
En somme, aussi séduits que l’on puisse être tant par la démarche que par l’esprit, on reste un peu sur notre faim avec une seule envie : chanter du Nino sur le chemin du retour et se faire une petite intégrale une fois à la maison ! C’est déjà beaucoup !
On souhaite à ce spectacle de trouver son public et de s’affiner à mesure des représentations pour devenir de sympathique à pleinement irrésistible !