Interview // Route du Rock – Collection été 2017 #27

LA Route du Rock 2016 – ambiance

Depuis plus de 20 ans, un vieux fort perdu dans la campagne à côté de Saint-Malo semble être devenu le rendez vous de tous les fans de musique actuelle indépendante. Droit dans ses bottes, le festival malouin continue son chemin radical et sans (trop de) concessions au gigantisme et aux modes éphémères. Comme chaque année, une foule de pèlerins avides de musique viendra s’installer dans la vénérable enceinte, ou sur la plage du Bon Secours pour écouter la sélection musicale plutôt pointue et agréable de ses programmateurs. On les a d’ailleurs rencontrés et ils nous ont un peu parlé de cette édition numéro 27 ! Entretien détendu avec deux passionnés.

Entretien avec les deux têtes pensantes du festival : Alban Coutoux et François Floret.

Alban est le programmateur du festival. Et François est le directeur général du festival. Ils ont répondu à quelques questions avant le concert de Frankie Cosmos à la Maroquinerie.
« On nous dit que cette année on a une très belle programmation (sic) »

HiU : Pour commencer doucement, un bilan de l’an passé, impressions, décéptions et satisfactions ?

François Floret : Une année paradoxale, parce qu’il a fait super beau et les mauvaises langues disent que de temps en temps il ne fait pas beau à Saint-Malo, c’est quand même bien de le souligner de temps en temps. En terme de concerts, on a eu de très très belles choses, après la fréquentation a été très en deça de ce qu’on peut attendre de la Route du Rock et de ce que l’on a connu dans l’histoire du festival.

HiU : Ça a donné quoi l’an passé ?

FF: On a fait moins de 13000 spectateurs payants ce qui veut dire environ 15000 personnes sur la Route du Rock l’année dernière ce qui est quand même une très grande déception. On pensait, même avec une programmation sans grand nom, attirer un peu plus de monde. On tablait sur 17000 spectateurs payants  minimum. C’est globalement mitigé, en terme de budget on a perdu de l’argent, toujours une déception et un échec. Mais en terme de concert on a vu de très belles choses, et il a fait super beau, donc les gens ont adoré et même certains étaient contents qu’il y ait pas grand monde, parce que du coup c’est beaucoup plus facile pour déambuler sur le festival. Ce qu’on retient c’est quand que c’est quand même compliqué d’organiser un festival pour aussi peu de monde et c’est très risqué financièrement. Du coup, cette année on a décidé de corriger un peu le tir.

HiU : On en arrive donc à cette année.

FF : On a réfléchi un peu à ce qui n’allait pas et on s’est rendu compte que s’il n’y a pas de grands noms ça change tout, la route du rock a beau être une marque de fabrique ça ne suffit pas forcément. On a trouvé des solutions; en déplaçant le festival d’une semaine on pense que ça a joué pour se mettre sur la disponibilité de certains artistes internationaux qui atterrissent en Europe mi août et qui restent un peu après et se greffent sur des événements. A priori ça marche, il y a deux/trois groupes qu’on aurait pas eu cette année si on était restés au 15 août. On a aussi mis plus d’argent pour les cachets des artistes, comme ça nous avons les sous pour s’assurer des grands noms.

HiU : Parlons des gros noms de cette année, PJ Harvey ? 

Alban Coutoux : PJ Harvey, le vendredi soir, qui était déjà venue à Saint-Malo en 1998 qu’on espérait réinviter, c’est vraiment une artiste qu’on adore et qu’on suit depuis les débuts. Jesus and Mary Chain, le lendemain, les inventeurs du shoegazing et de la noisy pop.

HiU : Vous aurez bientôt fait tout l’historique du shoegazing du coup ! 

AC : Ouais un peu ouais

FF : On a fait les gros oui !

AC : On aimerait quand même avoir les Cocteau Twins quand même ! Pour continuer sur les gros noms, le dernier jour on a Interpol avec leur fameuse tournée événement pour les 15 ans de leur premier album Turn on the Bright Lights. Ils avaient joué ici en 2001 et en 2002.

FF : Sans oublier bien sûr les second couteaux, qui pourraient aussi être des têtes d’affiche comme DJ Shadow, Future Islands, Mac De Marco… C’est vrai qu’on a mis le paquet.

HiU : Future Islands est quand même un groupe qui remplit des salles ! 

FF : On a des très grands noms et on a des seconds couteaux, pour une fois on a réussi ce qu’on essaie de faire chaque année.

HiU : Des gros noms et des seconds couteaux à la mode qui attirent du monde ?

FF : Voilà, une programmation relativement étoffée, avec la tête d’affiche et la seconde tête d’affiche tous les soirs, qui serait là pour donner du poids à la soirée et décider les indécis à venir. On nous dit que cette année on a une très belle programmation, on en est conscients. Je pense que ça serait dommage de louper cette édition, on sonne comme des commerciaux, mais je crois qu’on fait surtout nos passionnés !  C’est l’année à ne pas louper !

HiU : Au niveau des « découvertes », des artistes qui vous tiennent à cœur ? 

AC : On est impatients de voir IDLES le vendredi, un groupe punk/post punk de Bristol dont le premier album Brutalism vient de paraître au mois de mars. Tout un programme ! Un groupe très rageur sur scène avec des grands morceaux, une belle écriture, quelque chose d’assez curieux. C’est dans la continuité d’une scène anglaise très furieuse et très revendicative, avec une conscience sociale et politique.

FF: Yak !

AC : Oui, Yak, aussi des anglais qui sont plus garage dans l’esprit. Toujours en Angleterre, Cold Pumas qui est un mélange de noisy rock et de kraut rock; ils pourraient faire penser au Suuns anglais.

FF : Cette année il y a un bonne scène garage avec les « vedettes » de ce milieu, Ty Segall, Thee Oh Sees et Black Lips. Il y a aussi du pop rock bien puissant avec Parquet Courts. C’est édition bien équilibrée avec des choses calmes et sensibles mais aussi beaucoup de trucs puissants et punky. On nous a déjà reproché d’être un peu trop pop, un peu trop calme. Mais cette année, on a du rock, on a du garage, on a du punk et de l’électro, on représente assez bien le créneau indé !

AC : Même le versant pop est bien représenté avec Andy Shauf, un album sublime de pop orchestrée, qui joue en ouverture à la Nouvelle Vague, club de 900 places, l’endroit rêvé pour l’accueillir.

FF : Il y en a vraiment pour tous les goûts ! Pour tous les gens qui aiment la musique indépendante. La Route du Rock est toujours là et on se donne les moyens de faire une super programmation cette année et un bon festival et on compte bien perdurer. Comme toujours, on essaiera de se réinventer et de surprendre chaque année.

HiU : Des innovations cette année ? Ou vous restez sur la même formule que l’an dernier ?

AC : On garde toujours cette idée de parcours, on commence le jeudi à la Nouvelle Vague, et après sur les autres jours, concerts sur la plage du Bon-Secours les après-midi et les concerts de 18h à 3h du matin au fort, avec deux scènes qui se font face. A coté, il y a bien sûr la conférence de Christophe Brault, qui portera sur le punk cette année. On célébrera les 40 ans du punk – 1977-2017. Parallèlement il y aura une exposition d’un photographe américain, David Godlis, témoin de l’explosion de  la scène punk new-yorkaise au CBGB dans les années 70. Le fameux club qui a vu émerger les Ramones, Blondie, etc. L’exposition se trouvera dans le parcours des arbres lorsqu’on arrive au fort.

FF : En terme de logistique, pas de grosse nouveauté, on est sur une bonne formule pour les deux scènes. Pour les festivaliers, la nouveauté c’est que cette année le cashless et le droit d’accès seront sur le même bracelet !

Hiu : Pour terminer, la question rituelle, vous écoutez quoi en ce moment ?

AC : Moi j’écoute le dernier Woods, Love is love, l’album parfait pour l’été, léger et estival avec de superbes mélodies. Et aussi Jefre Cantu-Ledesma, un artiste américain, noisy pop à la Slowdive mais en plus léger, estival aussi. (NDLR : plutôt Drone easy à la Fennesz).

FF : Moi le dernier disque écouté c’est le Slowdive, le nouvel album qui est magnifique ! Et le dernier Grandaddy que j’adore aussi.

 

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