Nicolas Jaar est cool et à la mode. Mais comme tous les producteurs électro à la mode, il lui faut son petit jardin arty, un peu casseur d’idée reçues, un peu casse couille de service ou comme Mount Kimbie, montrer qu’il n’est pas seulement un geek. Pour ça il a un side project, Darkside, qui est une collaboration avec le guitariste de jazz Dave Harrington. La guitare et l’électronique de pointe ne sont pas des partenaires toujours évidents, mais là on est clairement du côté du génial Fennesz ou de Can.
L’album s’ouvre sur l’incroyable et surdimensionné Golden Arrow, 11 minutes de delays, de touches de guitare à la Fennesz, avant de s’affirmer à 8 minutes comme un manifeste de danse hypnotique porté par le falsetto d’Harrington (?), pour les fins de nuit hallucinées et les dernières bières trop vite avalées.
Après une telle entame, on est bien dans l’ambiance, un peu étourdi mais déjà heureux. L’album poursuit son chemin, tortueux mais logique. Il ya a des moments étonnants comme le très progressif Heart, entre Daft Punk sous Lexomil et Genesis, remixés par Richie Hawtin. (Comment ça vous ne voyez pas l’idée?). La danse toute chaotique de Freak, Go Home et sa mélodie entêtante.
Et puis, bien sûr, Paper Trails, dès le début la guitare ressemble au riff de Richards sur Honky Tonk Women, avec un petit côté Mark Knopfler. Jaar chante, achevant le pont entre le blues et la musique électronique, fusion inédite (inespérée) mais parfaitement réussie et noire à souhait. On remarque aussi Metatron, morceau de clôture, tout en guitare bluesy, en leads à la dubstep, en voix découpées, et qui se termine par la guitare toute seule, avec des craquements et un beat interrompu, fin de rêve, et allumage des néons. Il va falloir rentrer maintenant, et il n’y a plus de métro.
Cet album d’électronica , avec l’intégration d’une guitare, jouée de cette manière si particulière est un choix bien audacieux, comme si Dire Straits venait dire bonjour à la musique cérébrale et délicatement dansante de Plaid ou consorts. Mais l’expérience est concluante, le disque est un peu comme une gentille nuit d’ivresse, où on poursuivrait un fantôme flamboyant, où on penserait presque le tenir entre ses bras, mais où les néons, tristes augures, viendraient nous ramener à la réalité. Clic.
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[…] Jeudi 14 août 2014. Darkside c’est le mélange subtil et astucieux de la guitare céleste de Dave Harrington et des trouvailles électroniques ciselées de Nicolas Jaar. Cet alchimie est étonnante et très probablement idéale pour danser doucement en fin de soirée d’ouverture du festival. On en avait parlé ici […]